samedi 6 août 2011
Realpolitik et impuissance face à la Syrie
« Bien entendu, nous n'allons rien faire. » Cette phrase de Claude Cheysson, ministre du gouvernement Mauroy, au sujet de l'instauration de la loi martiale en Pologne en 1981, est restée comme un symbole de la realpolitik. Alain Juppé n'aura sans doute pas la même postérité, après avoir dit, songeant à la Syrie, que « l'Occident ne sait pas faire de miracles ». Mais le fond est similaire. En plus diplomatique, cette impuissance s'enrobe généralement de vux pieux, comme ce mercredi à l'ONU. Reste qu'au-delà de l'indignation morale, la communauté internationale peut-elle intervenir efficacement dans un pays en guerre civile, quand le dictateur au pouvoir n'est lâché ni par l'armée, ni par la majorité de sa population ? La situation libyenne apporte aussi un triste contre-exemple au « droit d'ingérence ». L'intervention volontariste impulsée par la France a incontestablement permis d'éviter à Benghazi un massacre comme à Hama. Mais le glissement de l'objectif de l'opération (de la préservation des populations civiles à la chute de Kadhafi) la transforme en nouvelle opération de police de l'OTAN, avec le même risque d'enlisement qu'en Afghanistan ou en Irak. Le meilleur moyen de faire tomber un autocrate reste le soulèvement victorieux de son peuple, non une intervention militaire extérieure. En revanche, les démocraties peuvent s'abstenir de légitimer inutilement des dictateurs en place, comme Nicolas Sarkozy invitant Bachar El Assad aux cérémonies du 14-Juillet voilà trois ans
Le vrai cynisme est celui qui faisait dire au président Eisenhower, parlant du Nicaraguayen Somoza : « C'est un salaud, mais c'est notre salaud. »
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