La vérité s’est définitivement échappée. DSK est libre, certes, mais il ne sera jamais formellement innocenté puisqu’aucun procès ne permettra de savoir ce qui s’est effectivement passé dans la suite 2806 du Sofitel Manhattan.
Il s’en est donc sorti et il va conforter le taux de réussite de ses deux avocats qui promettaient, dès le premier jour, de le tirer de ce mauvais pas. En bons professionnels, ils se sont contentés de jouer en contre, exploitant les erreurs de l’adversaire sans jamais que leur client ait à nous convaincre qu’il n’avait pas commis le crime qu’on lui reprochait.
Les faits sont là : Dominique Strauss-Kahn gagne parce que Nafissatou Diallo, en mentant plusieurs fois, s’est tiré une balle dans le pied, renversant la charge de la preuve. Une mauvaise nouvelle pour toutes les femmes violées qui sont déjà si peu nombreuses — moins de 8 % — à oser porter plainte contre leur agresseur. Les voilà prévenues : il faudra qu’elles soient des clones de sœur Emmanuelle avec une vie sans tâche.
Franchement, les supporters français de DSK n’ont pas de quoi triompher de cette façon, sans la réserve minimum qu’on était en droit d’attendre d’eux devant les zones grises laissées par ces trois mois d’enquête. Qu’ils se réjouissent de l’issue favorable dont bénéficie leur ami, très bien, c’est une preuve respectable d’affectueuse fidélité. Mais, oui, il est profondément choquant de les entendre s’exprimer comme si le feuilleton de New York ne se résumait qu’à une odieuse machination et à un lynchage médiatique.
L’indécence, c’est de vouloir laver plus blanc que blanc. Car affirmer que DSK est « blanchi » demeure un abus de langage. Le rapport du procureur n’écarte pas expressément l’hypothèse que le rapport sexuel précipité ait été forcé : il ne peut simplement pas le prouver.
L’abandon des poursuites ne signifie pas que les faits ne se sont pas produits mais que la crédibilité de la plaignante était insuffisante pour aller devant un tribunal.
Si la présomption d’innocence de DSK doit, naturellement, être respectée, elle n’interdit pas de rester circonspect devant un faisceau de doutes et de témoignages concordants qui, eux, n’ont pas été inventés par Mme Diallo. Quant aux affaires périphériques — dont une mise en cause par une collaboratrice du FMI — elles projettent une ombre sur la personnalité cachée de l’ex-champion que le PS s’apprêtait à se donner sans aucun état d’âme.
Aujourd’hui comme hier, les socialistes préfèrent faire semblant de ne pas voir que leur héros a un sérieux problème avec les femmes, et qu’il est plus grave que l’aimable « légèreté » d’un séducteur. En déroulant le tapis rouge au grand expert sur le mode « sa voix comptera », ils rhabillent en grandeur d’âme un manque de courage politique. Intéressée, cette générosité primaire pourrait leur coûter très cher parmi l’électorat féminin.
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