Le sort des Grecs parait se jouer soit dans la rue à Athènes, autour du Parlement, soit dans les couloirs de la Commission de Bruxelles. C'est une illusion, le pouvoir réel est entre les mains des agences de notation financière ou dans celui des grandes banques qui ont mis en place leurs propres critères, voire leur propre juridiction! En attendant, Moody's a mis trois banques françaises sous surveillance négative.
Pour les citoyens, l’avenir de la Grèce, et partant de la zone Euro, se jouerait à Bruxelles. Réunis le 14 juin à Bruxelles, les ministre des Finances de l’Union se réuniront encore la semaine prochaine, dans le but de parvenir à un accord le 26 juin à l’occasion du conseil européen, réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement. Hélas, il s’agit en partie d’une mise en scène, car le pouvoir réel est ailleurs, en particulier dans les agences de notation et les grandes banques internationales. La seule solution pour la Grèce serait de réduire sa dette. A 330 milliards d’euros, celle-ci représente un fardeau de 150% de son PIB. Pour commencer à la réduire, il faudrait qu’elle dégage un excédent budgétaire de …10% du PIB ! Pour parvenir à une dette « soutenable », il faudrait en retirer une partie, et allonger les échéances pour le reste. C’est alors que les agences de notation financière montrent où est le véritable pouvoir. Dans plusieurs avertissements convergents, les désormais célèbres Standard & Poor’s, Moodys et Fitch, qui n’avaient rien vu à redire des produit subprimes jusqu’en 2007, ont annoncé qu’à la moindre modification dans les termes des obligations d’Etat, elle déclareraient la Grèce en « défaut de paiement », ce qui interdirait à Athènes de lever le moindre euros sur les marchés, ruinerait les banques et l’économie grecques, et poseraient aussi quelques problèmes aux grandes banques allemandes et françaises. Les agences, qui cotaient les emprunts subprimes AAA, sont intransigeantes face aux Etats. Selon Fitch, même « l’échange volontaire » d’un ancien emprunt grec contre un nouveau entrainerait la déclaration de défaut. Comme un avertissement, Moody's a placé les banques françaises BNP-Paribas, Société Générale et Crédit Agricole sous surveillance négative au prétexte de leur exposition au risque grec.
Pire encore, en cas de défaut, c’est un comité de 15 banquiers de l’Association Internationale des Swaps et Dérivés (ISDA), comprenant, entre autres, Merril Lynch, Barclays, Citibank, JP Morgan, Société générale, UBS… qui déciderait souverainement d’honorer les CDS, (crédit défaut swap) ces produits financiers complexes qui ont permis aux spéculateurs d’attaquer la Grèce. 5,2 milliards d’euros de CDS ont été souscrits, et c’est autant de profits faciles qui seraient réalisés. Là encore, les Etats ne peuvent rien, car l’ISDA ne reconnaît aucune autre autorité qu’elle même. La finance a créé sa propre loi et sa propre justice. Et les institutions politiques européennes, Commission, BCE ou gouvernements des Etats membres, acceptent d’être liées par le jugement d’organismes privés. Jusqu’à quand ?
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