TOUT EST DIT

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lundi 6 juin 2011

2014 : réveiller l'Europe

La première moitié du XXe siècle a été marquée par les deux guerres civiles européennes les plus meurtrières de l'Histoire. La deuxième moitié fut au contraire celle de la reconstruction et d'une union sans précédent des pays de l'ouest de l'Europe - puis de l'insertion dans cette Union de la plus grande partie des pays ex-communistes européens. En 2010 - après dix années de négociations - l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne a ouvert la voie à la consolidation de la « grande » Union européenne.

La prochaine étape de ce processus devrait être 2014, année où se cumulent de grandes mutations institutionnelles. D'abord une étape politique avec la pleine application du Traité de Lisbonne, la première élection du Parlement européen sous son égide et le renouvellement des principaux dirigeants des institutions. Ensuite une étape économique et financière avec la consolidation des mesures relatives à la stabilité monétaire et à la gouvernance économique européennes.

Enfin, une étape budgétaire avec l'adoption d'un nouveau cadre financier pour cinq ans et la création de nouvelles ressources propres européennes.

Symboliquement, l'UE devrait donc prendre en 2014 un nouveau départ sur des bases renforcées.

Ce nouvel élan pourrait toutefois être freiné par trois dangers.

Le premier : une désorientation et un détachement croissants de l'opinion publique vis-à-vis de l'évolution de l'UE. Le second : une remise en cause de la méthode communautaire et un affaiblissement corrélatif des institutions. Le troisième : la crise financière et économique qui fait douter de la capacité de réaction de l'UE.

Restaurer la confiance, l'unité et la solidarité entre les peuples et les États européens sont les conditions nécessaires pour réussir le franchissement du cap de 2014.

Pour y parvenir, il faut mobiliser tous ceux qui pensent que, si le cap de l'unité européenne venait à être perdu alors qu'aucune autre vision claire de l'avenir de l'Europe ne semble pouvoir lui être substituée, l'UE serait menacée de marginalisation, voire d'éclatement. Un sursaut politique est nécessaire pour assurer le maintien des valeurs et le modèle socio-économique européens. Des initiatives fortes doivent donc être prises pour promouvoir une relance politique de l'UE, pour «réveiller l'Europe» que nous voulons.

Dans cet esprit nous encourageons l'initiative du «Groupe Spinelli» du Parlement européen visant à créer «un réseau de citoyens et de politiciens résolus à faire avancer l'Europe». Nous proposons que les principales organisations pro-européennes lancent une grande campagne d'opinion et nous engageons pour que la prochaine élection européenne devienne enfin l'événement démocratique qui scande et détermine l'évolution de l'Europe des citoyens.

Ne nous y trompons pas : l'entreprise européenne, comme une civilisation, est humaine et donc mortelle. Nous devons nous battre pour qu'elle subsiste et progresse. C'est le véritable enjeu de la bataille de 2014 dans laquelle nous devons tous nous engager.


Michel ALBERT et Jean-Guy GIRAUD (Union des fédéralistes européens), Jean BOISSONNAT et Michel CAMDESSUS (anciens présidents des Semaines sociales de France), Jean-Michel FAUVE et Robert TOULEMON (Pt et vice-Pt de Réalités et Relations internationales)


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