dimanche 1 mai 2011
Symboles fragiles
Après la grande frayeur autour de la survie de l'euro, il y a un an, c'est un autre acquis majeur de l'intégration européenne qui est menacé, celui de la libre circulation des personnes. Face à l'arrivée de près de 30 000 migrants en provenance d'Afrique du Nord, Rome et Paris n'ont en effet rien trouvé de mieux que de demander une révision de la convention de Schengen, afin de rétablir les contrôles aux frontières intérieures et d'empêcher que des hordes d'immigrés non choisis ne viennent menacer leur prospérité.
Depuis que les Européens peuvent se déplacer librement d'un pays à l'autre, les frontières ont cessé d'incarner l'aspect le plus visible de la souveraineté des Etats. Mais aujourd'hui, celle-ci a le vent en poupe et les Etats membres ont repris la main dans plusieurs domaines dans lesquels ils s'estiment, essentiellement pour des raisons de politique intérieure, plus à même de gérer les problèmes, à commencer par la politique étrangère, et à présent, par la sécurité. Sauf à invoquer, comme l'a fait Rome, la solidarité de leurs partenaires quand les choses leur échappent.
Si la demande d'une répartition plus équitable des tâches et des charges entre les 25 pays membres de l'espace Schengen est légitime — actuellement, les Etats aux frontières externes de la zone de libre circulation sont responsables des contrôles à celles-ci — le symbole n'en n'est pas moins fort. D'autant plus fort que ce repli coïncide avec une ouverture, symboliquement tout aussi forte : celle des marchés du travail allemand et autrichien au travailleurs provenant des anciens pays communistes.
Depuis que les Européens peuvent se déplacer librement d'un pays à l'autre, l'UE a symboliquement cessé pour eux d'être un marché commun, pour devenir une véritable communauté. Une avancée de fait qui a contribué bien davantage que les traités, règlements ou autres directives à la construction de l'Europe des citoyens. La remettre en cause, c'est menacer une des raisons d'être même de l'Union.
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