mardi 17 mai 2011
Le PS dans l'après-DSK
Les amis, par définition, sont là pour vous soutenir dans les moments difficiles. Il est donc naturel que les socialistes affichent leur émotion et entourent « Dominique » des mots qui apaisent. Surtout quand leur favori ¯ nouveau coup de tonnerre ¯ se retrouve en prison !
Dominique Strauss-Kahn est toujours présumé innocent. Vues de ce côté-ci de l'Atlantique, les images humiliantes du directeur du FMI, héros malgré lui d'un feuilleton américain, menotté et hagard, diffusées en boucle dans le monde entier, ces images qui condamnent sans preuve, sont d'une brutalité insupportable. Ce qui ne doit pas faire oublier la femme de ménage du Sofitel de Manhattan. Elle n'a pas eu droit à la moindre compassion. Elle est au moins autant supposée victime !
Les socialistes abasourdis sont encore incapables de concevoir l'hypothèse d'une culpabilité. Ils furent moins précautionneux envers Éric Woerth, jamais mis en examen, dont la présomption d'innocence a été cent fois bafouée. La droite, qui se méfie d'une instrumentalisation de l'affaire, n'a pas de leçon à donner. Par exemple, elle n'a pas affiché la même retenue s'agissant du député socialiste Julien Dray, blanchi depuis.
Il y a quelque chose de gênant dans cette référence à géométrie variable à la présomption d'innocence. Tout se passe comme si ce pilier du droit français était le dernier support de l'espoir socialiste, le dernier moyen ténu de retarder de quelques heures, de quelques jours, l'impensable. En vain : à cause de la longueur prévisible de la bataille, Dominique Strauss-Kahn ne sera plus directeur du FMI, et sa participation à la présidentielle est largement compromise.
Rue de Solférino, au siège du PS, les voix et les mines sont blanches. Pourtant, même si le sentiment d'avoir touché le fond domine, même si la probabilité de gagner en 2012 se réduit, le pire n'est pas sûr.
D'abord, même s'il en subit les conséquences, le parti n'est pas en crise, mais secoué par une affaire privée qui ne remet pas en cause la réorganisation et le travail programmatique orchestrés par Martine Aubry. DSK n'est pas le PS à lui tout seul !
Ensuite, les socialistes disposent d'un an pour dépasser cet épisode qui aurait été autrement plus catastrophique, et synonyme d'échec assuré, s'il avait été révélé à deux mois du scrutin, à un moment trop tardif pour changer de candidat.
Enfin, il dispose de plusieurs candidats honorables, souvent donnés vainqueurs devant Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal peut espérer remonter dans la primaire. François Hollande, porté par les sondages et calé dans un projet construit, peut continuer sur la lancée.
Martine Aubry, qui avait accepté de laisser le flambeau à Dominique Strauss-Kahn, serait une candidate légitime, certes, mais de rattrapage et hésitante. Pierre Moscovici, qui entretenait le suspense tant qu'il était sûr que son ami se lancerait, apparaîtrait aussi comme une solution par défaut. Le nom de Laurent Fabius, dont la dimension d'homme d'État n'est plus à prouver, circule de plus en plus.
Le vrai danger que devra déjouer Martine Aubry est peut-être celui-ci : que faute de leader évident, ce soit la foire d'empoigne pour reprendre l'espace abandonné par Dominique Strauss-Kahn.
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