Si la sortie de l'euro était une rumeur «totalement fantaisiste», pour reprendre l'expression de Bercy, la situation financière de la Grèce était bel et bien au menu des discussions au grand-duché. Une situation tellement explosive, avec une dette de 350 milliards d'euros début 2011 (150 % du PIB), que ce rendez-vous ne figurait sur aucun agenda officiel…
Étaient présents à Luxembourg : Jean-Claude Juncker, le patron de l'Eurogroupe, qui a pris l'initiative de la réunion ; Christine Lagarde ; Wolfgang Schäuble ; l'Italien Julio Tremonti ; le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou ; la ministre espagnole, Elena Solgado, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
«Nous n'avons pas discuté de la sortie de la Grèce de l'euro ! C'est une idée stupide ! Nous ne voulons pas que la zone euro explose !», a insisté Jean-Claude Juncker à l'issue de la réunion, visiblement agacé. «Nous excluons aussi l'option de la restructuration, lourdement évoquée par les marchés », a-t-il ajouté. «La Grèce a besoin d'un programme d'ajustement supplémentaire», insiste-t-il.
Rejetée par la France, par la BCE, la Commission européenne et par le patron de l'Eurogroupe, qui redoutent l'effet de contagion à la zone euro (lire ci-dessous), l'hypothèse d'une restructuration de la dette grecque a néanmoins été évoquée, sous la forme «douce» d'un rééchelonnement de la dette. Mais elle n'a pas été retenue comme une hypothèse raisonnable, y compris par les Allemands. «Ce n'est pas à l'ordre du jour», assure-t-on à Berlin, même si les libéraux de la coalition font pression pour faire payer les banques, et, à défaut, pour que la Grèce quitte la zone euro…
Un trou estimé à 30 milliards
Si l'on écarte ces deux options extrêmes, il ne reste qu'une seule issue : une nouvelle rallonge financière, au-delà des 110 milliards d'euros de prêts déjà consentis par l'UE et le FMI à la Grèce. Cette somme s'avère insuffisante aujourd'hui pour couvrir les besoins de financement de la Grèce jusqu'en juin 2013, date à laquelle expirera le plan de sauvetage actuel.Pour combler un «trou» évalué à 30 milliards d'euros, avant que n'entre en vigueur le mécanisme européen de stabilisation (MES), une nouvelle forme de sauvetage a été envisagée, à Luxembourg.
D'après le ministre grec des Finances, il s'agirait d'«utiliser la récente décision du Conseil européen autorisant le Fonds européen à racheter de la dette grecque ». Ce n'est donc pas la Grèce qui reviendrait directement sur lesmarchés en 2012, comme prévu lors du premier sauvetage, mais le Fonds européen de stabilisation financière (EFSF), qui se porterait acquéreur de la dette nouvellement émise par Athènes, à la hauteur de 25 à 30 milliards d'euros. L'EFSF, emprunteur souverain noté «AAA» sur les marchés, est doté de 440 milliards d'euros de capacité de prêts.
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