Toutefois, il serait beaucoup plus complexe d’intervenir en Syrie, et compte tenu de l’emplacement stratégique du pays, littéralement au beau milieu du nid de frelons du Moyen-Orient, les conséquences seraient incalculables. Il n’est donc pas étonnant que l’Occident ne se précipite pas — d’autant plus qu’il est apparemment enlisé dans une impasse en Libye.
Ne soyons pas surpris. En fait, c’est en fait le résultat logique de l'incapacité des Occidentaux à décidé rapidement ce qu’ils comptaient faire — et des façons d’y parvenir — pour atteindre le seul objectif sensé (auquel il semble peu à peu se résoudre, du reste) : le départ de Kadhafi.
Mais s’il y a de bonnes raisons pour ne pas tenter d’empêcher les chars syriens de massacrer les manifestants, l’Union Européenne n’a pour sa part aucune excuse, elle qui a une fois de plus échoué lamentablement dans cette dernière crise, et qui n’a même pas été capable de faire le peu qu’elle aurait pu au bon moment avec ses propres ressources.
Comment se fait-il que les sanctions les plus sévères prononcées contre plusieurs personnalités importantes du régime syrien ne soient entrées en vigueur que le 10 mai, et que le chef de ce régime, le président Bachar el-Assad, ne soit même pas concerné ? Comment se fait-il que l’UE n’ait donné son feu vert à un embargo sur les armes que lundi 9 mai, près de deux mois après le début des révoltes ?
Ces deux décisions ne sont sans doute guère plus que symboliques. Mais peut-être ces gestes symboliques auraient-ils pu être faits plus tôt, afin d’envoyer vraiment ce “message fort et clair” dont se gargarise le monde politique européen ? Car ce qui transparaît aujourd’hui, comme d’habitude, n’est guère plus qu’un aveu d’impuissance.
Paradoxalement, cela peut entre autres s’expliquer par cet entêtement à vouloir bâtir une prétendue diplomatie européenne commune. Or jusqu’à présent, cette diplomatie n’a eu que des effets négatifs sur le rêve qu’a l’Europe d’agir militairement sur la scène internationale. Les décisions continuent d’être prises comme elles l’ont toujours été : ce sont les Etats-membres dominants qui s’entendent entre eux.
Simplement, pour que ce ne soit pas trop embarrassant, on ouvre ensuite un petit cycle de discussions supplémentaire, par pure politesse, d’où l’intégration aujourd’hui de Lady Ashton, la haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, et de son équipe. Et on s’étonne que Bruxelles fasse de moins en moins bouger les choses.
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