dimanche 26 septembre 2010
Duos
C’est un pas de deux qui voudrait annoncer l’avenir, il sent plutôt la fin d’une époque, tant la lutte Copé-Bertrand renvoie à d’autres délitements, quand le mitterrandisme au pouvoir basculait dans la guerre des chefaillons, quand Jospin et Fabius se découvraient insupportables l’un à l’autre… C’était en 1985, un quart de siècle déjà, et c’est la même chose: un pouvoir qui a tant promis et déçoit alors même qu’il s’est accompli, et le rejet monte qui le balaiera, et la fin est déjà là, perceptible, et la folie s’empare des ambitieux. Les masques tombent, Jospin dévoile sa brutalité, Fabius mesure son mépris, Copé ne mime plus l’indulgence, Bertrand assume sa méchanceté, on en appelle au chef suprême, que les Français abandonnent mais qui reste le suzerain impuissant ou manipulateur de ses lieutenants affamés.
Rien n’a changé? Sous Mitterrand, les ego se drapaient d’idéologie; sous Sarkozy, Copé et Bertrand n’opposent que leurs appétits ou leur efficacité. On devine Copé plus libéral, Bertrand plus populiste. Mais ils ne se disputent pas au fond, et restent confinés dans l’anecdote. Copé et Bertrand se lâchent quand la crise des retraites cristallise: ils démontrent, fatalement, l’enfermement des politiques dans leurs régulations internes, loin des luttes, des réformes, de la chair même d’un pays… C’est une histoire entre eux qu’ils tissent ; entre eux et les médias ; elle induit une floraison de postures et de petites phrases, la bulle bruisse de vide, et ce vide pollue tout, et ainsi la politique se raconte en s’abîmant…
Les socialistes – soyons clairs – ne sont en rien épargnés par le phénomène, quand ils pontifient pour éviter les débats qui fâchent, et s’emploient, tel Claude Bartolone, à inventer des arrangements entre Aubry et Strauss- Kahn, qui videraient par avance les primaires de leur sens… Fauxsemblants, combinazione, qui est le PS, qui est l’UMP? Par contraste, il est un autre couple, improbable et dissemblable, mais qui tranche dans l’irréalité. Woerth d’abord, Woerth le paria, à qui il ne reste rien que sa réforme et sa constance à dire "non" à la rue, à refuser encore tout dialogue et tout amendement… mais qui en prend une dimension quasiment honorable, tant son impavidité contraste avec l’agitation égotiste de ses amis.
Et Martin Hirsch ensuite, autant chéri des faiseurs d’opinion que Woerth est détesté, mais réel lui aussi; Hirsch, l’inoxydable, mais qui confesse son amitié pour Woerth, et qui risque, après l’affaire Bettencourt, un livre au coeur du mal français. Pour en finir avec les conflits d’intérêts n’épargne pas grand monde, dans ces élites qui portent leur honnêteté autoproclamée tel un coupe-file pour s’affranchir des règles. Le livre, même pas sorti, a provoqué l’ire vengeresse de Jean-François Copé, député et avocat à ses heures, qui a renvoyé Hirsch à ses propres facilités. C’est une autre violence, une autre crise chez ceux qui gouvernent, une autre guerre que mène Copé. Mais cette dispute-là, au moins, parle de politique, réellement.
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