Les politiques ne devraient pas gaspiller tant de temps à travailler leur communication et leur image. C'est un outil dérisoire dont ils peuvent se passer : l'époque les condamne à l'impopularité. Alors, qu'ils fassent avec ! Comment idéaliser le pouvoir quand la réalité de l'économie et des comptes dégradés de la nation ne lui abandonnent qu'un rôle de levier de plus en plus subalterne ?
La prévision d'une croissance molle pour 2011 que l'Insee dévoilera en fin de semaine va compliquer un peu plus encore la tâche du gouvernement et réduire la marge d'imagination de ses opposants. Piégée par un optimisme façon Coué, l'équipe Fillon doit déjà réviser les projections de printemps sur la base desquelles elle avait bâti toute sa politique budgétaire pour l'année prochaine. 2,5 %, on le savait, c'était virtuel, c'était audacieux, c'était gonflé dans tous les sens du terme, mais cette inconnue X faisait bien dans le tableau.
Avec une donnée finale bien moins fringante, Christine Lagarde et François Baroin devront refaire leur équation. Les 10 milliards de manque à gagner s'ajoutent aux 100 milliards que le Premier ministre s'est engagé à économiser avant 2013. Comment continuer à jurer, dans ces conditions, qu'on n'augmentera pas les impôts ? Entre un bouclier fiscal fissuré et une hausse de la TVA qui pourrait être la seule planche de salut disponible, le ministre du Budget, fan de pêche, a de quoi alimenter ses méditations au bord des rivières de la Creuse.
Si seulement ces mésaventures rituelles pouvaient inviter le milieu politique à plus d'humilité... A sortir des postures ringardes et des promesses fumeuses dont l'opinion est de moins en moins dupe en période de crise. Mais non. A l'approche de la présidentielle, quand tout est à repenser, quand un discours neuf serait si précieux, nous voilà repartis dans le petit jeu stérile de la surenchère des uns et des engagements irréalistes des autres.
Absentes du hit parade des 50 personnalités préférées des Français publié ce week-end par le Journal du Dimanche, les personnages politiques, au masculin ou au féminin, confirment qu'ils sont incapables de susciter des passions positives. Leur parole ne parvient décidément plus à faire rêver, ni même à être crédible. Seul Jacques Chirac sauve l'honneur... à une 41e place plus emblématique d'une sympathie que d'un enthousiasme actif. La France continue désespérément de regarder vers hier.
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