Ceux qui ont eu vingt ans dans les années 1980 se souviennent d'une maladie partie des communautés gays des Etats-Unis. Un virus mutant, insaisissable, qui faisait s'effondrer les défenses immunitaires et qui tuait quasi systématiquement ses jeunes cibles après de terribles épisodes infectieux. Un cauchemar épouvantable.
La 18 e Conférence mondiale sur le sida se tient ces jours-ci à Vienne pour faire le point sur les recherches préventives et curatives. Contrairement aux espoirs initiaux, il n'a pas été possible de mettre au point un vaccin. Les recherches se poursuivent, mais rien ne dit qu'elles déboucheront rapidement. Cependant, le nombre de personnes infectées dans le monde tend à se stabiliser : il a explosé de 1990 à 2000, passant de 7 à 28 millions de malades, mais n'a crû que de 28 à 34 millions de 2000 à aujourd'hui. La courbe se stabilise dernièrement autour de ce palier. Cette stabilisation est due à deux facteurs : d'une part, la prévention, et notamment les campagnes en faveur du préservatif qui demeure l'arme la plus efficace et la moins coûteuse contre la transmission de la maladie. D'autre part, les fameuses trithérapies qui n'éliminent pas totalement le virus mais transforment cette maladie létale en maladie chronique et qui parviennent à réduire la charge virale à un niveau qui empêche sa transmission. L'intense mobilisation scientifique et politique mondiale a donc obtenu un double succès : à condition de disposer des molécules thérapeutiques modernes, le virus ne tue plus et il n'est plus transmissible. Sous cette condition, les experts estiment qu'il pourrait être éradiqué d'ici à trois à quatre décennies.
Le problème est que cette bonne nouvelle en cache deux mauvaises. D'abord, le succès des trithérapies a tendance à susciter des comportements négligents sur le plan préventif. Ensuite, et surtout, le coût des médicaments est un obstacle majeur à leur diffusion dans les pays pauvres, où 20 à 30 % seulement des malades ont accès aux trithérapies. La psychologie des comportements et la crise économique pourraient donc entraver les effets des progrès scientifiques.
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