TOUT EST DIT

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mercredi 21 juillet 2010

L'homme face à l'écran

Beaucoup d'entre nous ont désormais pris l'habitude de caresser leur téléphone pour lui donner des ordres : obtenir une information, composer un numéro, répondre à un message. Avant la fin de l'année, on pourra communiquer avec son écran par simple geste : attraper un ballon virtuel, éviter un obstacle, ouvrir une porte. Bien sûr, ce n'est qu'un jeu, celui que Microsoft nous annonce depuis un an comme une révolution.

La révolution, ce serait que le géant du logiciel nous surprenne enfin par son talent d'innovateur, lui qui nous a récemment plutôt habitués à des déconvenues technologiques et commerciales aux noms étranges, Vista, Zune, Kin.

Souhaitons un meilleur avenir à Kinect, ce petit boîtier supposé revivifier les ventes de sa console de jeux vidéo. Ses chances apparaissent cette fois supérieures. Loin de singer un appareil de la concurrence, il introduit un concept puissant qui s'inscrit dans une tendance fondamentale qui devrait nous occuper largement pour les vingt ans qui viennent : celui de l'interface entre l'homme et la machine, matérialisée par l'écran.

Le monde du numérique, au sens large, est en train de se recomposer par les extrémités. A un bout, l'architecture des réseaux, avec la mise en relation de puissance de calcul centralisée ou disséminée, de plus en plus invisible pour l'utilisateur, de plus en plus puissante pour l'exploitant.

A l'autre bout se développent des interfaces de communication, qui sont elles aussi en train de s'effacer, ou plutôt de se fondre dans notre environnement quotidien. L'écran qui nous fait face s'anime en trois dimensions, reproduit la réalité qui nous entoure, se commande au geste et à la voix.

Que va-t-on bien faire de tout cela ? C'est déjà la question que se posaient les moines copistes à l'apparition de l'imprimerie. Dans toute révolution de cet ordre, c'est la technologie qui commande, pas les usages. Les jeux fournis avec la future console de Microsoft seront inévitablement jugés bien pauvres (attraper des ballons, conduire une voiture) face à l'originalité du concept.

Ce n'est pas grave, cette modeste brique s'ajoute aux claviers tactiles, écrans 3D et autres pour nous faire entrer dans un nouveau monde. Comme au temps de l'imprimerie, ces interfaces généreront des contenus originaux qui ne seront pas la reproduction à l'infini de ceux d'aujourd'hui. L'apparition des réseaux sociaux en est la première illustration.

Nous entrons donc dans ce cybermonde du XXI e siècle les yeux bandés avec, pour l'instant, une seule certitude. La technologie vient toujours du même coté de l'Atlantique et cette puissance-là n'est pas prête de s'effacer.


PHILIPPE ESCANDE

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