TOUT EST DIT

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samedi 10 juillet 2010

Le populisme contre la presse


L'affaire Woerth-Bettencourt a agi comme un révélateur acide sur l'image des journalistes. Que de ressentiment déversé sur les médias. Que de morgue. Que de mépris. Le pouvoir et sa presse... Comme chez un vieux couple usé par tant de petites haines recuites, le couvercle de la cocotte minute a explosé projetant les insultes sur les murs de leur démocratie commune.
Que voulez-vous... c'est triste cette incapacité à se parler franchement et même vertement sans glisser si vite jusqu'à l'injure. Nous voilà donc fascistes, ou trotskistes, ou les deux à la fois (on va s'gêner). Ah, j'allais oublier que nous sommes aussi des assassins d'hommes politiques avec le sang de Salengro et de Bérégovoy sur les mains. C'est du lourd. Me trompé-je ou les soupçons contre M. Woerth n'ont pas cette hargne ?
On ne réagira pas par un corporatisme stérile. Après tout, c'est vrai que les journalistes (tous sauf nous évidemment) peuvent parfois se montrer exaspérants, mesquins, insistants, grossiers, petit bras, veules, insistants, indiscrets, donneurs de leçons (ça va là, il y en a assez ?). Mais ils n'ont pas la liberté de mentir ou de raconter n'importe quoi comme on fait semblant de le leur reprocher. Le droit qui encadre la presse française est très sévère sur ce point. La diffusion de fausse nouvelle est un délit grave, et sanctionné. La diffamation aussi, et quand ils sont dans leur bon droit, les hommes politiques ne se privent pas d'attaquer et de faire condamner les fautifs. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait massivement puisqu'ils crient à l'imposture ?
Quant aux accusations portées contre les journalistes, elles sont nettement supérieures en force brute aux simples interrogations sur les comportements, et l'absence de sens politique, du ministre du Travail. A-t-on jamais vu des unes intitulées : Sarkozy compromis ! Poser la question d'une situation de conflit d'intérêt dans laquelle un membre du gouvernement s'est lui-même placé, c'est déjà le traîner dans la boue. S'étonner qu'il ait remis lui-même la légion d'honneur à l'employeur de sa femme, c'est faire du mauvais esprit, donner un crédit - réservé - aux déclarations de l'ancienne secrétaire de la milliardaire, c'est être assoiffé du sang de la polémique.
Le 1er pouvoir veut donc taper à la règle sur les doigts du 4°. Et lui donner des leçons de vertu. Mais comment s'étonner que les journalistes politiques ne désarment pas quand la vérité se dérobe ? Les dirigeants politiques dépensent beaucoup d'énergie à masquer la vérité et à tenter d'instrumentaliser, d'une façon ou d'une autre, cette presse qui les fascine. Devant laquelle ils sont prêts à tout, pour la séduire mais sans vraiment comprendre son indivisible liberté. Comment s'étonner, après ça, qu'ils soient aussi vulnérables ?


Olivier Picard

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