rofil bas. Depuis le début de l'affaire Woerth-Bettencourt, Martine Aubry a choisi la retenue dans ses attaques. Tout en réclamant la "transparence " et que cette affaire soit "clarifiée avant d'être classée", la première secrétaire du PS s'est gardée de demander la démission du ministre du travail.
Une prudence à laquelle les ténors du PS ont fini par se rallier lors du bureau national du parti, mardi 6 juillet. Ce jour-là, Ségolène Royal avait dénoncé, sur Public-Sénat un "système corrompu" estimant qu' "il faudrait sans doute plusieurs" karchers "pour nettoyer ce qui se passe aujourd'hui au niveau du système Sarkozy". Mais sa virulence est restée singulière. "Il fallait qu'on adopte une attitude responsable alors que la droite aurait voulu nous entraîner dans la boue. On a résisté", se félicite un membre de la direction. "On savait qu'en tapant sur tel ou tel ministre, il suffirait à Sarkozy de remanier le gouvernement pour étouffer les choses", poursuit cette même source, proche de Mme Aubry.
L'unisson des socialistes n'a pas été immédiat. Au bureau national du 29 juin, Laurent Fabius était partisan de taper plus fort. Arnaud Montebourg dénonçait le même jour dans Libération "une France consanguine du pouvoir et de l'argent". Mais une semaine après, au fil des révélations, "on a tous compris qu'on passait d'un affaire Woerth à une crise de régime bien plus sérieuse avec un risque qu'elle abîme l'image de l'ensemble de la classe politique" raconte Bernard Soulage, secrétaire national du PS, proche de Dominique Strauss-Kahn.
LA TENTATION DU "TOUS POURRIS"
Un constat qu'étayent les analystes de l'opinion : "Tout ce qui se passe construit du rejet et de la désillusion, observe Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS Sofres, les gens consomment des informations mais ils attendent des preuves. Le climat risque d'être aussi ravageur pour les media que pour la classe politique".
Le PS s'est épargné une bataille interne sur sa tactique. Mais il n'est pas pour autant certain de tirer les marrons du feu de la crise politique. Pas un responsable PS ne se risque à prédire la victoire lors de la législative partielle, dimanche 11 juillet dans la 10 e circonscription des Yvelines. Dans ce fief de la droite conservatrice, ex-circonscription de Christine Boutin, députée de 1986 à 2007, Anny Poursinoff candidate écologiste, soutenue par le PS, est certes arrivée en tête au premier tour, dimanche 4 juillet, avec 42,62 %. Mais elle n'a pas creusé l'écart autant qu'elle l'espérait avec le député sortant Jean-Frédéric Poisson, ex-suppléant de Mme Boutin (40,71 %). Celui-ci peut compter sur le report des voix du Front National (7, 48 %), au premier tour.
Pour la gauche, le principal écueil sera l'abstention. Seuls 26,75 % des électeurs sont allés voter, le 4 juillet. Venue soutenir, à Rambouillet, au cœur de la circonscription, le 7 juillet, Mme Poursinoff, avec Cécile Duflot, la patronne des Verts, Mme Aubry a tenté de conjurer les risques du "populisme" qui éloignent les électeurs des urnes. Elle a dénoncé la tentation du "tous pourris" et pour donner plus de poids à ses propos s'en est pris aux errements de son propre camp : "Je me souviens de la loi d'amnistie [votée sous le gouvernement de Michel Rocard en 1989, elle concernait les élus épinglés dans des affaires de financement électoral ]. Je me rappelle que le FN a vécu là-dessus. Quand on se serre les coudes pour masquer des comportements immoraux, on donne des voix au Front national", a mis en garde Mme Aubry.
Béatrice Jérôme
samedi 10 juillet 2010
Affaire Woerth-Bettencourt : quand le PS fait profil bas
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