Quand les hommes politiques sont à court d’arguments, ils se retournent contre la presse. L’habitude ne date pas de ce gouvernement. Durant la guerre d’Algérie, les journaux dénonçant la torture étaient régulièrement saisis. Cela n’a empêché ni la réalité des sévices – depuis confirmés et revendiqués par le général Aussaresses – ni la défaite des jusqu’au-boutistes de la colonisation. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand comparait les journalistes à des « chiens » s’acharnant sur l’honneur de Pierre Bérégovoy, qui venait de se suicider. Les plus grosses révélations sur les turpitudes du pouvoir socialiste étaient pourtant à venir. Si l’on peut reprocher des excès aux médias de l’époque, ce sont des excès de pudeur, concernant la double vie du président, avec tout ce qu’elle coûtait à la France…
Voilà que la presse serait responsable du scandale Bettencourt, et qu’elle mettrait en danger la démocratie, en jetant le discrédit sur le monde politique. Faut-il donc taire, alors que l’austérité est à l’ordre du jour, les 30 millions d’euros remboursés à la femme la plus riche de France au titre du bouclier fiscal ? Faut-il jeter un voile sur les comptes non déclarés que la même possédait en Suisse ? Faut-il prendre pour argent comptant (l’expression ne manque pas de sel) les seules vérités officielles ? Il n’y a pas si longtemps, la presse soviétique fonctionnait sur ce schéma. L’URSS a croulé quand même !
Sans les révélations du site Médiapart et du « Canard enchaîné », Christian Blanc continuerait à fumer ses cigares aux frais des contribuables, et personne ne poserait de question à Alain Joyandet quant à l’utilisation d’un coûteux jet privé pour aller aux Antilles et quant à la légalité du permis de construire de sa maison varoise. Autant de sujets, n’est-ce pas, qui n’intéressent pas les Français ! Tout comme le financement des partis politiques : pourquoi parler de ce dossier scabreux, alors qu’il fait si beau et que l’été pourrait sentir bon le sable chaud…
Oui, il y a menace sur la démocratie, et un vrai risque de faire remonter le Front national. Mais ce n’est pas la révélation des scandales qui produit ce risque : ce sont les scandales eux-mêmes. La presse est le thermomètre qui montre la fièvre. La maladie, c’est la corruption. C’est elle qu’il faut éradiquer.La maladie, c’est la corruption
Par Patrick Fluckiger.- Quand les hommes politiques sont à court d’arguments, ils se retournent contre la presse. L’habitude ne date pas de ce gouvernement. Durant la guerre d’Algérie, les journaux dénonçant la torture étaient régulièrement saisis. Cela n’a empêché ni la réalité des sévices – depuis confirmés et revendiqués par le général Aussaresses – ni la défaite des jusqu’au-boutistes de la colonisation. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand comparait les journalistes à des « chiens » s’acharnant sur l’honneur de Pierre Bérégovoy, qui venait de se suicider. Les plus grosses révélations sur les turpitudes du pouvoir socialiste étaient pourtant à venir. Si l’on peut reprocher des excès aux médias de l’époque, ce sont des excès de pudeur, concernant la double vie du président, avec tout ce qu’elle coûtait à la France…
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