TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 22 avril 2010

Fondamentalismes


Mardi, la sécurité. Mercredi, le voile intégral. 2-0, la balle au centre. En deux jours, le président de la République a mis le paquet pour reprendre la main après la déroute lors du match des régionales et les revers d'une troisième mi-temps catastrophique pour l'Élysée.
Les fondamentaux, les fondamentaux, les fondamentaux ! Surtout ne jamais les oublier. Et quand on s'en éloigne y revenir toujours pour retrouver ses marques. Son équilibre. Et pour ne plus encaisser de buts. Supporter, jadis assidu du PSG, le chef de l'État a suivi le mot d'ordre classique des entraîneurs d'équipes déstabilisées.
Il y a de fortes chances pour que cette stratégie soit payante. Au moins la deuxième phase de jeu, en tout cas. Si on en croit les enquêtes d'opinion, le pays est assez largement favorable, en effet, à une interdiction du voile intégral dans tout l'espace public. Singulière majorité qui rassemble, sur un très large spectre, les esprits progressistes, défenseurs de la dignité des femmes sans aucune exclusive et les islamophobes habités par la crainte de « l'invasion » musulmane, les réalistes, qui veulent aider l'islam dit « modéré » à lutter contre les dérives fondamentalistes, et les idéalistes soucieux de contrer tous les communautarismes. A première vue, tout semble plaider pour qu'on fasse barrage par tous les moyens à un vêtement qui fait offense aux principes du vivre-ensemble républicain le plus élémentaire.
Le danger, précisément, c'est cette fausse évidence. Le simplisme. Le réflexe d'exclusion pur et simple sans nuance considéré comme une solution. Le chef de l'État avait bien mesuré les risques d'une position radicale et longtemps il n'y fut pas favorable. Agacé, même, par la surenchère d'un Jean-François Copé. Considérée à tort ou à raison comme stigmatisante pour l'ensemble des musulmans, la mesure pouvait provoquer la colère des pays arabes contre la France. Elle pourrait aussi contribuer à enfermer chez elles ces femmes qu'on prétend libérer en les privant de la rue. Et puis, une loi qui bride la liberté de se vêtir comme on le veut, même pour de bonnes raisons, reste une loi liberticide, difficilement compatible avec l'image d'une nation avocate des droits de l'homme.
En dépit de ses propres réserves, le président a choisi de passer outre la prudence de l'avis du Conseil d'État qui préconisait une interdiction limitée aux services publics. Il a choisi aussi de s'affranchir de la méthode imprimée par la commission Stasi à la loi sur les signes religieux ostentatoires à l'école, qui a pourtant fait ses preuves en déminant en douceur un dossier piégé. L'intransigeance française répondra donc au fondamentalisme islamique. Au delà des apparences, il n'est pas sûr que cet extrémisme là n'aura pas des effets pervers qui nuiront à son efficacité. Le mieux tue parfois le bien.

0 commentaires: