Abstention, score du Front National, reports de voix à gauche, et bataille de la communication seront déterminants pour le résultat du scrutin de dimanche.
Ultimes meetings, derniers appels à la mobilisation. A trois jours du second tour des élections régionales, Martine Aubry et François Fillon multiplient les déplacements de soutien aux candidats. La première secrétaire du PS s'est rendue hier en Corse et en Pays de la Loire. Le Premier ministre, lui, était en Rhône-Alpes et à Paris, avant d'aller aujourd'hui en Paca et Alsace. Dans cette dernière région, l'une des deux seules conservées par la droite en 2004, le second tour reste ouvert. C'est « la mère de toutes les batailles », s'est enflammé François Hollande.
· Les abstentionnistes. C'est la question qui taraude, à droite comme à gauche, tous les responsables politiques : que feront au second tour les Français qui ont boudé les urnes au premier ? Pas moins de 53,65% des inscrits se sont abstenus de voter, avec des pointes en Lorraine (58,5%), Champagne-Ardenne (57%) et Alsace (56,6%). La majorité, qui s'est servi de cette désaffection pour relativiser l'ampleur du vote sanction, rêve d'une re-mobilisation de son électorat pour inverser la tendance dans quelques régions clefs. « Dimanche prochain, chaque voix comptera », répète inlassablement François Fillon à chacun de ses déplacements. Craignant que les électeurs de gauche ne se sentent à l'inverse pas suffisamment mobilisés, les socialistes, Martine Aubry en tête, insistent sur le fait que « rien n'est gagné » et sur la nécessité de forcer Nicolas Sarkozy -selon elle dans « le déni »-à « écouter le message des électeurs ». Aux régionales de 2004, le taux d'abstention avait reculé de 4,8 points entre les deux tours de scrutin (de 39,1 % à 34,3%). Mais ce regain de participation avait surtout bénéficié à la gauche, arrivée en tête au premier tour.
· Le score du Front National. En se maintenant au second tour dans douze circonscriptions, le Front National plombe encore un peu plus les espoirs de la droite qui a réalisé un score historiquement bas dimanche dernier. En 2004, le parti d'extrême droite avait en moyenne baissé au second tour en pourcentage des suffrages (sauf dans le Nord-Pas-de-Calais, en Alsace et en Aquitaine) mais il avait légèrement progressé en voix : de 18.763 au total (à plus de 3,2 millions) dans les dix-sept régions où il avait imposé des triangulaires. Jean-Marie Le Pen espère faire mieux. Pour régler ses comptes avec la droite, à laquelle il reproche d'avoir voulu « tuer » le FN en refusant depuis longtemps toute alliance (certaines avaient été scellées après les régionales de 1998) et en « volant » ses électeurs en 2007. Mais pas seulement. La formation d'extrême droite sait qu'il lui faut obtenir « un maximum d'élus », au plus près de celui de 2004 (156) afin de conserver ses chances d'obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se lancer dans la course à la présidentielle.
· Les reports de voix à gauche. Quand des listes ont été concurrentes au premier tour, leurs électeurs ne votent pas forcément pour celle restant en lice au second tour même si elle est le produit d'une fusion entre les concurrents d'hier. Cette perte en ligne est, avec l'éventuelle mobilisation des abstentionnistes de droite, le seul espoir de la majorité pour contenir la vague rose -les listes gauche et divers gauche ayant totalisé 50,31 % des suffrages dimanche dernier. Aussi les responsables de la majorité se sont-ils relayés toute la semaine pour attirer les électeurs écologistes -jugé plus volatiles -ou tout du moins les convaincre de ne pas voter PS en insistant sur les divergences de fond entre les deux partis. Selon un sondage OpinionWay réalisé le jour du premier tour, 63 % des électeurs écologistes pensaient voter pour une liste de gauche au second tour, tout comme 53 % des sympathisants du Modem et 76 % de ceux de l'extrème gauche.
· La bataille de la communication. La droite voulait faire de son unité un atout de l'entre-deux tours. Mais à vouloir à tous prix protéger l'exécutif en récusant toute idée de sanction, Nicolas Sarkozy et la direction de l'UMP ont suscité un début de fronde dans leur propre camp « On a pris une claque », a déclaré hier encore sur Europe 1 l'ex ministre chiraquien François Baroin appelant la majorité à se « réveiller ». Le rappel à l'ordre de François Fillon n'a pas stoppé les critiques. Nicolas Sarkozy a reçu hier Jean-François Copé à l'Elysée, sans doute pour tenter de maîtriser la réunion de rentrée, mardi, du groupe UMP à l'Assemblée. A l'inverse, les leaders de l'opposition sont parvenus à dédramatiser leurs cas de désaccords manifeste en métropole (il y a des triangulaires à gauche en Bretagne, dans le Limousin) alors qu'ils font moins bien qu'en 2004, où la division n'avait prévalu qu'en Corse. D'apparence superficielle, la bataille d'influence sur l'interprétation des résultats du second tour sera en fait décisive pour déterminer « l'humeur » générale et donc la pression qui pèsera sur l'exécutif. Que la droite gagne ne serait-ce qu'une région de plus, et la consigne sera donnée par l'exécutif d'insister sur la progression de la droite. François Fillon et Xavier Bertrand préparent déjà le terrain en insistant sur la position d' « outsider » de l'UMP. Mais si dans la foulée du premier tour, l'UMP recule encore, et les demandes de changement émanant de toutes parts (de l'opposition mais aussi de la majorité) seront amplifiées
ELSA FREYSSENET ET PIERRE-ALAIN FURBURY, LES ECHOS
jeudi 18 mars 2010
Régionales : les quatre clefs du second tour
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