Après un effondrement des échanges mondiaux en 2009, l‘OMC prévoit un fort rebond du commerce mondial en 2010. Ce ne sera toutefois pas suffisant pour retrouver les niveaux d'avant-crise.
I I y a de la lumière au bout du tunnel », a imagé le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, vendredi, en présentant les perspectives du commerce mondial pour 2010. Le tunnel, c'est la chute considérable des échanges internationaux en 2009, qui ont baissé de 12,2 % en volume. La lumière, c'est la perspective de leur reprise, évaluée à 9,5 % par les économistes de l'OMC.
Ce tunnel a été le plus profond jamais creusé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les échanges mondiaux avaient déjà connu des replis, mais jamais de cette ampleur (- 0,2 % en 2001, - 2 % en 1982 et - 7 % en 1975). La baisse est encore plus impressionnante en valeur, - 23 % en dollars courants, notamment en raison de la chute des cours des matières premières - pétrole en tête.
Des disparités importantes
Ces chiffres cachent toutefois des disparités, les Etats-Unis (- 13,9 %), l'Union européenne (- 14,8 %) et le Japon (- 24,9 %) ayant subi un recul de leurs exportations supérieur à la moyenne mondiale (- 12,2 %) tandis que les exportations chinoises (- 10,5 %) ou en provenance de l'Amérique latine (- 5,7 %) ont moins souffert. Ces écarts se prolongent en 2010, avec une reprise des échanges tirée par les émergents. Les économistes de l'OMC envisagent en effet que les exportations des pays en développement bénéficieront d'une hausse de 11 % de leurs exportations contre 7,5 % pour les pays industrialisés.
Ces prévisions sont dépendantes de plusieurs données, à savoir un taux de croissance mondiale de 2,9 % ainsi que la stabilité des prix du pétrole et des taux de change. Si l'optimisme est de mise, la prudence l'est tout autant. Toute « nouvelle hausse des cours du pétrole, appréciation ou dépréciation des grandes monnaies ou évènement défavorable sur les marchés » conduirait, par ricochet, à revoir à la baisse ces prévisions.
Autre bémol, un taux de croissance du commerce mondial de 9,5 % en 2010 ne suffirait pas pour revenir aux niveaux d'avant la crise. Deux années de croissance à ce rythme seront nécessaires pour les pays en développement quand les économies développées auront besoin de trois années. Mais si le commerce mondial retombait sur ses pieds d'ici deux à trois ans, cela contredirait la thèse selon laquelle la crise aurait enclenché un mouvement de « dé-mondialisation ».
JESSICA BERTHEREAU, Les Echos
lundi 29 mars 2010
Le commerce mondial pourrait rebondir de 9,5 % en 2010
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