C’en devient presque gênant, de le voir déminer ainsi le désir des autres, tremblant du malheur d’être aimé quand l’autre ne l’est plus?
Ces jours-ci, François Fillon invente une nouvelle forme de vaudeville, où il ne s’agit plus de cocufier le mari de Marianne, mais surtout de s’en bien garder, et de résister à toutes les tentations, et surtout celles des autres… On est dans les limites du darwinisme politique, il travaille cette droite qui ne sent plus son chef et en cherche un autre, mais qui, comment? Nicolas Sarkozy, avec ses 30 % de satisfaits, est désormais à l’os. C’est circonstanciel, dans la foulée d’une méchante élection?
Pas seulement. Tout concorde, la hargne des parlementaires qui éreintent, et parfois avec quelle violence, le chef de l’Etat ; le succès de Fillon ; et l’euphorie de Villepin, en renaissance sociale, oublieux de son passé à Matignon, quand il privatisait les autoroutes ou jetait une jeunesse dans la rue contre son CPE ! Et l’analyse froide d’un Luc Ferry, qui expliquait hier dans le JDD que le beau programme, le bel élan de 2007, étaient devenus obsolètes, depuis la crise, et invitait Nicolas Sarkozy à se renier publiquement pour survivre… Mais s’il admet que tout est devenu faux, pourquoi continuer?
On est aussi dans les limites ou les garanties de la Ve République, cette monarchie cadenassée, qui ne s’entrouvre que tous les cinq ans.
Les loyautés de Fillon en témoignent : jamais la droite ne pourra envoyer valdinguer un chef élu par le peuple, même si le peuple a changé d’avis. Les institutions protègent le Président, mais ce blocage peut attiser d’autres colères, tant de frustrations. Ils ne veulent plus de lui. Ils n’en peuvent mais. Les deux ans à venir seront terribles, pour une droite folle d’être empêchée…
Nicolas Sarkozy va souffrir, et d’abord des siens, mais il peut repartir. Avant lui, François Mitterrand a réussi cette gageure. Etre à l’Elysée, y rester, le garder…
Nicolas Sarkozy peut renaître comme Mitterrand, si l’arrivée d’un Baroin, le recentrage sur les fondamentaux, le courage d’affronter les retraites, font oublier les renoncements ; s’il prouve enfin en France une constance dont il fait preuve à l’international. Pour le moment, il est plus proche d’un Giscard, tant aimé puis rejeté, ayant perdu les siens sans conquérir ses ennemis, ayant réformé la France sans en être reconnu, victime de lui-même et de l’injustice.
Est-il fini, Nicolas Sarkozy? Cela échappe à ses catégories. Renoncer, partir, concéder que le désamour est sans retour? Pas lui. Mais il ne doit pas négliger ce qui s’installe, ce désir d’un autre… et doit aussi soupeser ce qu’il suggère lui-même, parfois, et ce que suggère son épouse dans le Figaro Magazine, qu’une autre vie lui serait possible loin du pouvoir. C’est vrai sans doute, et c’est heureux, que cet homme ne soit pas seulement addicté au pouvoir. Mais cela devrait le regarder, et lui seul, et ne pas devenir une ritournelle vaine, en attendant 2012, qu’on servirait à des Français impatients que ce départ rêvé devienne réalité.
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