Des parlementaires de droite et de gauche réclament une commission d'enquête pour lutter contre l'expansion du port de ce voile qui recouvre entièrement les femmes.
La burqa, qui voile une femme de la tête aux pieds, pourrait-elle être interdite dans les espaces publics en France ? 58 députés de toute tendance ont cosigné une proposition de commission d'enquête parlementaire pour réfléchir à la question. André Gerin, député-maire PCF de Vénissieux à l'origine de cette proposition, l'a transmise mercredi au premier ministre. Parmi ces parlementaires, en majorité des députés de droite : 3 PCF, 7 PS, 43 UMP, 2 NC, 3 Non Inscrits. Si cette commission est créée, elle s'inscrirait dans la lignée de la commission Stasi, qui avait mené une réflexion sur la laïcité et le porte du voile à l'école en 2003.
«Nous sommes aujourd'hui confrontés, dans les quartiers de nos villes, au port par certaines femmes musulmanes de la burqa, voilant et enfermant intégralement le corps et la tête» écrit André Gerin, dans l'exposé des motifs du texte. « Il ne s'agit plus seulement d'une manifestation religieuse ostentatoire mais d'une atteinte à la dignité de la femme».
Député d'une circonscription où le port de la burqa est de plus en plus répandu, André Gerin explique que cette commission aurait pour but de «faire l'état des lieux de la situation, de comprendre pourquoi le phénomène progresse». Cette commission permettrait aussi de «définir des propositions afin de lutter contre l'expansion du port de la burqa, sans stigmatiser les personnes enfermées dans cette prison ambulante», précise-t-il au Figaro.fr. Quels pourraient être les moyens d'action à la suite de cette commission ? «Si l'on caractérise le port de la burqa comme une atteinte aux libertés des femmes, il y aurait alors possibilité de légiférer pour l'interdire dans les espaces publics» suggère-t-il.
«Panne d'intégration»
«La burqa n'est absolument pas une prescription du Coran», rappelle Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, interrogé par lefigaro.fr. Le port de la burqa existait déjà avant l'apparition de l'islam dans des pays comme l'Afghanistan». Le recteur soutient la démarche des députés, «à condition que la commission soit un moyen de dialoguer avec les responsables de l'islam». Il se dit cependant dubitatif sur une voie législative qui interdirait la burqa, au regard des libertés individuelles et religieuses. «La solution réside plutôt dans la compréhension des racines de ce problème», qui s'apparente à ses yeux à une «hyper affirmation identitaire et à une panne de l'intégration.»
«Il faut encourager le débat sur cette question, rendre visible la réalité et la dégradation de la condition des femmes» réagit Sihem Habchi, présidente de Ni putes, ni soumises (NPNS). Elle considère «La loi de 2004 sur la laïcité (interdisant les signes ostensibles d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires, ndlr) « pas suffisante ». Il faut «rouvrir le débat», lance-t-elle.
Au contraire, pour le secrétaire général de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), Fouad Alaoui, cette proposition des députés est «une nouvelle manœuvre propre à encourager les amalgames». Il regrette cette démarche qui intervient «justement quand on parle de l'Iran» et se dit «triste qu'on en arrive à ce niveau».
Depuis le vote de la loi de 2004, le débat sur le voile s'est apaisé. Mais il reste un sujet de polémique entre les tenants de la laïcité et ceux invoquant la liberté de religion. La question du voile avait resurgi avec le discours du Caire du président Barack Obama. Celui-ci avait critiqué les pays occidentaux qui décident «des vêtements qu'une femme doit porter». «En France, toute jeune fille qui veut porter le voile peut le faire. C'est sa liberté», avait aussitôt réagi Nicolas Sarkozy. L'Elysée avait ensuite précisé que l'interdiction des signes religieux dans les écoles publiques, qui relève de la loi, n'était pas remise en question.
jeudi 18 juin 2009
Des députés s'inquiètent du port de la burqa en France
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