Une vingtaine de multinationales, surtout allemandes, veulent rapidement poser les jalons de la production et de la livraison de courant électrique solaire d'Afrique vers l'Europe pour couvrir 15% des besoins européens.
Sur le papier, le concept de Désertec est simple. Il s'agit de produire de l'électricité issue du solaire là où il y a du soleil à foison et ensuite l'exporter vers le Maghreb et l'Europe. Un réseau de supercentrales solaires (paraboles solaires et non panneaux photovoltaïques) serait implanté dans les pays de la ceinture saharienne. Le courant produit serait ensuite transporté par des lignes à haute tension posées au fond de la Méditerranée. Les experts du projet Désertec ont calculé qu'une surface de 300 km2 couverte de paraboles solaires, c'est-à-dire un timbre poste sur le globe terrestre, suffirait théoriquement à couvrir les besoins énergétiques mondiaux. Dans le cas de Désertec, il s'agirait de couvrir jusqu'à 15% des besoins de l'Europe à partir de 2025.
Torsten Jeworrek, membre de la direction du réassureur allemand Münchener Rück, n'est pas précisément un rêveur, mais il croit fermement à Désertec : « Ce n'est plus une vision lointaine, c'est technologiquement séduisant et en plus, réalisable. Nous voulons créer une initiative qui présentera des plans concrets de mise en oeuvre d'ici deux à trois ans », a-t-il annoncé à la presse allemande. Il a confirmé que la réunion de fondation d'un consortium, sous la houlette de Münchener Rück, voué à ce projet aura lieu le 13 juillet prochain. La liste complète des participants est encore tenue secrète. Mais l'on sait que la Deutsche Bank, Siemens, Schott-Solar mais aussi des entreprises espagnoles et italiennes ainsi que des représentants de la Ligue arabe et du gouvernement allemand devraient être de la partie.
Solar Millennium AG
Des paraboles solaires telles que celles qui pourraient être utilisées dans le projet Desertec.
Le projet Désertec, soutenu par le privé mais fortement encouragé par le gouvernement allemand, est à l'origine une idée lancée par le club de Rome, un groupe de réflexion sur l'environnement qui réuni des scientifiques, des industriels et des fonctionnaires de 53 pays. Elle s'inscrit dans l'initiative de Coopération Transméditerranéenne pour l'Énergie Renouvelable (TREC), un réseau de scientifiques et d'experts également soutenu par le Club de Rome. TREC produit des études portant sur la sécurité énergétique de l'Europe, du Maghreb et du Proche-Orient. Enfin, TREC et Désertec, déjà en pourparlers avec des pays comme l'Algérie, la Tunisie, le Maroc ou la Jordanie, collaborent avec le projet de « Plan Solaire Méditerranéen », projet phare de l'Union pour la Méditerranée, qui envisage, entre autres, de développer « des capacités additionnelles d'électricité bas carbone, et notamment solaire », pour une puissance totale de 20 mégawatts sur le poutour méditerranéen.
Ce gigantesque projet ne manque bien sûr pas de contradicteurs dotés de solides arguments. Pour une fois, les obstacles les plus importants semblent être avant tout d'ordre économique et politique plus que technique. En effet, les technologies nécessaires existent et fonctionnent déjà. En revanche, la construction d'un réseau d'approvisionnement traversant la Méditerranée et s'étendant sur au moins 2000 kilomètres demanderait près de 200 milliards d'euros d'investissements. L'ensemble du projet pouvant, selon les experts, monter jusqu'à 400 milliards d'euros sur plusieurs décennies.
Par ailleurs, même si il devrait être plus facile pour l'Union européenne de régler un conflit d'intérêt avec l'Algérie qu'avec la Russie, certains s'interrogent sur un projet qui, au bout du compte, ne diminue pas la dépendance énergétique de l'Union Européenne. Pour sa part, Hermann Scheer, député social-démocrate qui soutient activement le développement des énergies renouvelables, ne condamne pas le projet Désertec. Mais il estime que c'est encore un « projet futuriste plein d'incertitudes » qui demandera « une très longue phase de mise en route ».
jeudi 18 juin 2009
Désertec : un projet solaire de 400 milliards d'euros
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