jeudi 12 février 2015
L'Eurogroupe dans l'impasse grecque
Au terme d'une réunion des ministres des finances de la zone euro, en présence du FMI et de la BCE, les Dix-huit ne sont pas parvenus à trouver un accord sur la dette grecque, même une déclaration commune. Une issue presque inédite.
Yanis Varoufakis, le pugnace ministre chauve qui a séduit la foule d'Athènes, est entré dans la fosse aux lions, à Bruxelles. Et comme attendu, de l'Allemagne à la BCE, en passant par le FMI et le fonds de secours européen, les grands fauves de l'Eurogroupe ne se sont pas laissé attendrir: le face-à-face, plutôt lourd, s'est achevé au bout de six heures sans autre promesse qu'un deuxième rendez-vous lundi, dans la même arène.
Le ministre des finances est arrivé de Grèce armé de toute sa défiance. «Nous ne cherchons pas l'affrontement et ferons ce qu'il faut pour l'éviter, avait-il prévenu depuis les bancs du parlement à Athènes. Mais exclure le choc par avance serait montrer que nous n'avons pas la foi de négocier durement». C'est Alexis Tsipras lui-même, tout juste confirmé par un vote de confiance, qui a fixé le mandat de la même tribune: ni retour en arrière, ni crédits européens au prix de ce qu'il appelle la «cruelle» austérité. Avant d'ajouter, sous les applaudissements: «'nous ne discuterons jamais l'extension du plan de sauvetage européen, parce qu'il a déjà échoué» au cours des cinq dernières années.
C'est maigre, négatif et peu propice à la négociation. A Bruxelles, le ministre Varoufakis s'est tenu scrupuleusement à cette ligne. Et il a été incapable de s'entendre avec ses dix-huit collègues de l'euro sur la rédaction, même d'une déclaration commune, une issue presque inédite. Plusieurs brouillons ont circulé. Mais faute d'accord sur les mots, le chef de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a préféré jeter l'éponge. L'idée d'un travail d'experts pour préparer le huis-clos de lundi n'a pas abouti non plus. La conférence de presse finale, annoncée peu après 23 heures, a débuté bien plus tard que minuit. Elle a duré 10 minutes à peine.
Cette impasse au premier tournant pourrait propulser le dilemme grec à l'échelon supérieur: le sommet européen qui s'ouvre cet après-midi à Bruxelles, en présence pour la première fois d'Alexis Tsipras. Les autres dirigeants européens n'ont pourtant aucune envie de transformer en session de négociation un conclave déjà dominé par la crise ukrainienne et par la lutte contre le terrorisme.
Plus sûrement, le revers rapproche un peu plus la Grèce et son nouveau gouvernement d'un défaut de paiement, faute des financements requis de l'UE et du FMI. Le second plan de sauvetage, signé en mai 2012, vient à expiration le 28 février à minuit sauf prolongation, fût-ce de quelques mois, avec le nécessaire accompagnement d'un plan de réformes et de contrôle budgétaire. A supposer qu'Athènes s'y résolve, la décision devrait être prise au plus tard la semaine prochaine afin d'obtenir le nécessaire feu vert de chacun des dix-huit autres pays, notamment celui du Bundestag en Allemagne.
Mercredi soir, les ministres des finances de l'euro attendaient de la Grèce qu'elle leur soumette au moins des idées neuves pour avancer. «Le point de départ, c'est la poursuite du plan de sauvetage en cours. Et c'est sur cette base que nous verrons s'il est possible ou non de poursuivre notre soutien» financier, avertissait Jeroen Dijsselbloem. Las, selon plusieurs participants, Yanis Varoufakis est arrivé les mains vides, cramponné dans son refus et sans aucune des propositions concrètes qui auraient permis d'engager la discussion. «Il n'y a pas d'accord sur le sujet, il nous faut un peu plus de temps», a reconnu dans la nuit le chef de l'Eurogroupe, plutôt crispé. Pour Pierre Moscovici, le commissaire en charge, l'échange a au moins permis de «clarifier la position» de chacun.
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