jeudi 12 février 2015
Bruit et silence de Cour
À quoi sert le rapport de la Cour des comptes ? Si c'est pour collectionner les perles de la gestion administrative, alors franchement le rapport ne sert à rien. Autant employer un bon comique et lui offrir un « prime time » annuel, il aura le mérite d'amuser la France.
Si le rapport sert à rectifier un tant soit peu quelques dérives, alors oui, cet exercice vaut la peine de nous alerter pour un meilleur usage de l'argent public. C'est ainsi que, cette année, le rapport pointe pêle-mêle la mauvaise gestion de l'eau, le coût des salaires des fonctionnaires d'outre-mer, la charge des petites stations de ski des Pyrénées, sans oublier la densité inutile des sous-préfectures et le marché de l'électricité.
Le rapport s'est particulièrement concentré sur deux sujets de notre vie quotidienne : les agences de l'eau et la qualité des liaisons des trains Intercités. Concernant l'eau, ce sont les agences de bassin qui sont épinglées pour leur opacité, leur complexité et les conflits d'intérêts qui les minent. Ajoutons l'absence de démocratie citoyenne dans la composition de leur gouvernance, le poids des lobbys pollueurs et on aura compris pourquoi un si lourd chapitre leur est consacré. Autre point : la vétusté des trains Intercités, qui devraient être des outils de qualité sur les grandes distances non desservies par les TGV. La Cour pointe l'obsolescence du matériel, l'inanité et la médiocrité du service, la déficience de la gestion. Un sujet qu'on connaît trop dans le centre de la France avec les liaisons ferroviaires Paris\Clermont-Ferrand et Paris- Toulouse via Limoges.
L a Cour n'oublie pas le déficit de la France et l'objectif impossible des 3 %. Mais elle observe un silence très contestable sur le coût financier de l'engagement de la France pour combattre le djihadisme sur les terrains d'Afrique et du Proche-Orient. Engagement pour lequel la France supporte seule la charge financière, les pays européens étant plus prompts à lui reprocher son déficit (relayés par la Cour des comptes) qu'à mettre la main à la poche pour partager la charge de la lutte contre le terrorisme. n
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