jeudi 7 août 2014
Odyssée de la Terre
Odyssée de la Terre
Depuis le petit pas télévisé d'Armstrong, l'espace ne faisait plus guère rêver. Tintin, Collins, Aldrin… tout ça, c'était du pareil au même. Astre de nos plus belles nuits, fascination de notre imaginaire, planète de tous les Pierrots et de leurs Colombines, la lune n'attirait plus les fusées. Rosetta nous a rendu le pays des merveilles. Belle au Bois dormant de nos innocentes histoires d'enfants, elle attendait d'être réveillée par « Tchouri » pour commencer leur année, main dans la main, sur le chemin des comètes, et pour fêter la réussite de leur union par une merveilleuse embrassade céleste. Sous le regard ému des dieux du ciel et l'enthousiasme des savants de la Terre. En allant caresser le panache cométaire, Rosetta nous redonne le goût de décrocher la lune et nous fait renouer avec le charme des clairs de terre égarés dans 2001, Odyssée de l'espace.
Cette formidable chevauchée scientifique, comme avant elle la conquête de l'espace, nous transporte loin dans l'après-Jules Verne et concrétise la belle ambition européenne. Le Spoutnik rond de 1957 avec son « bip-bip » semble sidéralement loin, lui qui pourtant avait relancé la folle compétition entre les blocs ennemis qui allait générer d'incroyables avancées et transformer les connaissances acquises en progrès techniques.
Mais la conquête spatiale nous donne aussi une autre mesure de l'humanité dans ce monde qui n'en finit plus avec ses guerres, ses crises, ses cynismes et ses hésitations. Ce n'est pas la première fois, et nous n'en avons jamais tiré leçon, mais hier, du plus haut du ciel, nous pouvions jeter un autre regard sur la planète bleue. Un si petit élément de l'univers immense dans une échelle du temps qui n'est pas celle des Terriens ordinaires. Nos illusions de conquête de l'infinitude auront peut-être fait place à la juste conscience de nos fragilités tellement urgentes à régler. À nous regarder d'en haut, nous nous sommes vus infiniment petits.
Et si la nouvelle frontière de l'univers devenait aujourd'hui le combat contre la faim et la violence, ces fléaux qui font encore ployer les hommes sous la misère ? Construire, loin du mythe de la toute-puissance, une humanité de progrès et de respect de la planète serait une belle odyssée de la Terre.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire