lundi 26 mai 2014
Élections européennes : les éditorialistes sous le "choc"
Un "choc", un "séisme", voire "un champ de ruines".... Lundi matin, au lendemain des élections européennes remportées par le FN, lapresse quotidienne française est unanime. Pour Éric Decouty (Libération), "la victoire du Front national reste un choc qui va ébranler la France et l'Europe entière", car "l'onde de choc créée par le parti de Marine Le Pen dépasse largement les frontières nationales". C'est "une menace réelle pour l'idée européenne", écrit-il.
Dans France-Antilles, Patrick Planchenault analyse bien l'enjeu raté de ces élections : "Il appartenait aux partis de gouvernement de donner de la perspective à cette consultation électorale, avec le fol espoir de réenchanter le rêve européen. Au lieu de cela, PS et UMP réunis, mais chacun divisé, ont laissé aux Le Pen, père et fille, le soin d'occuper l'espace politique avec leurs thèmes brumeux qui font, pourtant, de plus en plus écho chez les Français, eurosceptiques, sinon europhobes : l'identité nationale, l'immigration galopante, l'hégémonie de Bruxelles, les carences de l'euro." Sur le même sujet, Nicolas Barré, dans Les Échos, s'interroge : "Comment les Français pourraient-ils aimer l'Europe quand toute la campagne fut une course à qui dirait le plus fort tout ce qu'elle fait mal : l'euro trop fort, les frontières mal gardées, la capitulation face aux Chinois, la soumission aux ultralibéraux américains et l'on en passe..."
La Dépêche du Midi, sous la plume de Jean-Claude Souléry, estime que "faire du Front national le premier parti de la République, c'est assurément un effet pervers de la démocratie, c'est surtout unchoc politique et psychologique dont on se souviendra longtemps". Moyennant quoi, pour Le Maine libre, Jérôme Glaize le constate sans ambages: ce qu'il reste au lendemain de ces scrutins, "c'est un véritable champ de ruines". Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne) estime que "la classe politique française a été littéralement dynamitée par les électeurs". L'Est républicain (Alain Dusart) pense que "ce séisme redouté renvoie les formations de gouvernement à leur vacuité (et) jette l'opprobre sur l'idée que les démocrates du monde entier se faisaient de la France". Dans Presse Océan, Marc Dejean souligne que "les deux partis de gouvernement, PS et UMP, sortent l'un laminé l'autre miné par ce scrutin".
"Le FN s'impose (...) comme le premier parti de France", constate Alexis Brézet, du Figaro. "Pour Marine Le Pen, c'est une victoire personnelle", car elle a "réussi, en incarnant un nouveau style, à faire tomber le premier obstacle à la progression du Front national, sa diabolisation", analyse-t-il. DansL'Humanité, Patrick Apel-Muller écrit que ce sont "les dégâts semés par une politique d'austérité qui renie toute référence aux valeurs de gauche" qui ont provoqué une "sanction sans appel".
Guillaume Goubert, qui prend "toute la mesure du choc, du séisme", ne veut toutefois pas désespérer. "Le principal, écrit-il dans La Croix, c'est de constater que les formations modérées remportent les deux tiers des suffrages... l'extrémisme est loin d'être majoritaire dans les urnes." Même analyse dansOuest-France, où Michel Urvoy estime que les résultats "ne traduisent pas une adhésion massive aux thèses de Marine Le Pen, qui recueille beaucoup moins de voix qu'à la présidentielle".
Ce qui fait écrire à Raymond Courraud (L'Alsace) que "les partis politiques traditionnels ont tout intérêt à faire leur autocritique. Ils doivent avant tout se rapprocher de leurs électeurs. Il en va de même pour l'Europe, sous peine de voir cette grande idée se transformer en une machine à produire de la paperasse". Philippe Waucampt (L'Est républicain) estime que, concrètement, la "dernière carte" de François Hollande est "la dissolution". "Au bout de trois années de cohabitation, il serait quasiment assuré de jouer la finale contre Marine Le Pen", prévoit-il. "Il y a désormais un problème français qui s'impose à tous à l'intérieur comme au-delà des frontières où nos voisins regardent avec effroi la France tourner le dos aux valeurs qu'elle a portées", écrit Jean-Louis Hervois, de La Charente libre.
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