Ce totalitarisme fasciste est la dernière arme des "dominants" pour un asservissement juridique des peuples du monde par les marchés multinationaux, ainsi qu'un maintien de climat de tensions civiles dans les zones en affrontement. Pour autant, notons que dans un passé proche, les gouvernements européens ont adopté certaines réformes institutionnelles de type socialo-démocratique, lesquelles dans un premier temps sont apparues comme avantageuses pour le citoyen moyen. Cependant, elles ont vite perdu leur fondement humaniste à cause de l'insertion de motifs financiers (ex. l'approche du développement durable) parce que la gauche parlementaire a échoué à séduire du fait d'une emprunte idéologique peu claire en ce qui concerne les finances publiques mais aussi à murir d'un point de vue technocratique de façon à pouvoir rendre sa vision réalisable.
De cette manière, différentes organisations extra-parlementaires de la gauche semblent avoir déjà manqué la conjoncture historique actuelle car elles ont détourné les efforts d'autocritique et de réflexion de leurs militants pour faire face à des tensions disruptives entre les différentes composantes. De plus, dans cette atmosphère de décadence morale, les milieux universitaires et artistiques demeurent refermés dans des cliques corporatistes et d'élite d'expertise loin des besoins des hommes, alors qu'ils auraient l'opportunité de réellement écouter l'état d'esprit et l'essence de nos temps et contribuer à un équilibre osmotique avec les phénomènes sociaux d'aujourd'hui.
Dans ce contexte difficile, la Grèce joue un rôle périphérique en gravitant tel un espace-temps expérimental qui se traîne manifestement dépendant de forces oligarchiques qui redistribuent arbitrairement la valeur ajoutée sociale afin de détruire tout effort de concentration d'éléments libertaires. La porte que représente la Grèce est destinée à déclencher une suite d'évènements qui va conduire vers une forme alternative de dictature du pouvoir. Cette épreuve n'est pas un hasard.
La dynamique humaine grecque n'est cependant pas totalement parvenue à mimer l'Ouest qui l'a séduite, à cause de courants d'influence philosophiques en provenance de l'Est. L'aptitude de composition et d'analyse appartient aux simples gens, qui filtrent les idées invasives externes via la réflexion critique, idées qui oppressent la dignité et le respect de soi même. Et c'est exactement à ce moment que se créent les conditions pour une contre-proposition capable de changer le cap de l'histoire politique, même au niveau de communauté d'états.
Promenons-nous un peu dans les quartiers grecs d'aujourd'hui. Nous observons l'apparition de différents modes de solidarité sociale et de réseaux d'échanges issus de la solidarité. L'insoumission croissante du simple citoyen face à l'Etat (Mouvement "Je ne paie pas" (Kinima Den Plirono) s'accompagne de flux de désurbanisation vers des activités écologiques précurseurs à caractère collectiviste en province. Le renforcement de projets locaux est l'élément déclencheur d'assemblements populaires sur les places, ainsi que de la réanimation d'éléments archaïques de nos traditions qui nous soudent. Il faut noter que l'influence de mouvements qui ont pour guide d'action la police est visible (comme les Zapatistas, Occupy Wall Street, FEMEN, ainsi que les évènements récents au Brésil), jouant le rôle de catalyseur pour l'adoption du mode de pensée correspondant ainsi que des méthodes pour faire face à des thématiques sociales cruciales en Grèce.
Ces stimuli s'assemblent avec des liens pacifiques sous l'égide de l'expérience sociale. L'autogestion de l'usine BIOMET en Grèce, la mutation de l'intelligentsia "libératoire" vers la formation d'une confédération de collectifs organisée autour d'une démocratie globale, ainsi que les actions pour la création de l'institut d'écologie sociale (cf. école de pensée de Μ. Βοοkchin) ayant pour source la Grèce, sont quelques exemple constitués de cette étoffe. L'exemple de ERT peut également être caractérisé comme une soupape de décharge en devenir en direction d'une autogestion embryonnaire plus collective du travail et de la culture. Tous ces exemples forment l'esquisse d'une proposition ciblant la renégociation du rapport homme-nature avec pour but l'absence d'exploitation des hommes par d'autres hommes, mais également la redistribution des moyens de production par ceux qui constituent jusqu'à nos jours les preuves d'évolution des sociétés; l'être social avec un Visage.
C'est ainsi que peut être accomplie l'indépendance de la peur du contrôle centralisé et de l'oppression des personnes prometteuses par le pouvoir. La prise de conscience et l'assimilation de tels éléments pour l'intégration aux piliers de la société composent une image d'autogestion horizontale spontanée parallèlement à un démantèlement du modèle hiérarchique artificiel qui apparait tel une tour de Babel sur l'axe social. Ce recyclage de matière apparait comme une lucarne. Depuis cette lucarne, nous pouvons à nouveau apercevoir le soleil et la route vers la terre de la liberté. C'est la valeur d'une probabilité qui à présent s'est transformée en opportunité sociale pour reconstruire la démocratie directe et la reprendre dans les villes européennes.
Le pain
Une baguette géante, une miche énorme
de pain chaud était tombée du ciel
un garçon en culotte courte verte avec un couteau
la coupait la distribuait aux gens dans la rue
mais une petite fille, un petit ange blanc avec
un couteau elle aussi coupait et distribuait
des bouts de véritable /ciel/
et là tout le monde courait vers elle, peu de gens allaient au pain,
tout le monde courait vers l'ange qui distribuait du /ciel/
Pourquoi le cacher
nous avons soif de ciel!
Miltos Sakhtouris, Malades aux larges ailes. Choix de poèmes (traduction de Michel Volkovitch)
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