lundi 26 mai 2014
Européennes 2014 : le PS a la gueule de bois
Au lendemain du 21 avril 2002, ils avaient dit "Plus jamais ça". Douze ans plus tard, les résultats catastrophiques des européennes sont vécus comme "une catastrophe".
"C'est la soirée où il faut être à Paris", ironise Matthias Fekl, député du Lot-et-Garonne. En réalité, l'ambiance est bien morne Rue de Solférino dimanche soir. Les chiffres qui circulent depuis 19 heures confirment ce que prédisaient les sondages : le parti de la majorité arrive en troisième position des élections européennes, derrière l'UMP et le FN, qui caracole en tête.
La cour intérieure du siège du PS se remplit peu à peu. Plus que la colère, c'est l'abattement qui prédomine chez les rares dirigeants qui s'aventurent parmi les journalistes. "C'est la catastrophe", "c'est terrifiant", "eh bien, c'est beau...", lâche François Kalfon, l'un des secrétaires nationaux. Hasard ou pas, ce sont les leaders de la fronde contre le gouvernement qui viennent majoritairement délivrer leur parole aux journalistes, à l'exception de Luc Carvounas, sénateur très proche de Manuel Valls. Le patron de l'Assemblée Claude Bartolone et l'ancien ministre de la Ville François Lamy se montreront. L'ancien député de l'Essonne Jérôme Guedj fume une cigarette sur les marches du perron et souffle : "Après le 21 avril 2002, on avait dit plus jamais ça... Et voilà le FN en tête. On ne peut pas faire comme si ça n'existait pas."
Ce que réclament les fameux 41, qui se sont abstenus le 29 avril lors du vote à l'Assemblée sur le pacte de stabilité budgétaire, c'est un changement de cap. "Il ne suffit pas de changer d'équipe, d'avoir un Premier ministre populaire, mais de changer de politique économique", martèle le député des Hauts-de-Seine Jean-Marc Germain.
Avant même le résultat, le porte-parole du groupe, Thierry Mandon, espérait, lui, que la défaite puisse "consolider l'inflexion sociale [entamer avec les annonces de Manuel Valls en matière de fiscalité, NDLR], intensifier les débats dans le groupe et consolider le nouveau rôle du parti".
Jean-Marc Germain prévient que les 41 - dont une majorité de socialistes concèdent qu'ils seront sans doute plus dorénavant - vont continuer dans la même direction. "On a obtenu deux pas en avant pour les retraités modestes et les contribuables modestes. Il faut une politique de la demande qui accompagne la politique de l'offre", dit-il. À ses côtés, son camarade de la Nièvre Christian Paul, autre leader de la fronde.
"Le redressement va porter ses fruits"
Mais Manuel Valls, dont l'allocution est diffusée sur les écrans installés dans la cour, ne va pas dans ce sens. Constatant que le résultat est "un choc, un séisme", Manuel Valls assure que les Français "ont crié la même urgence qu'aux municipales". De fait, depuis plusieurs jours, Matignon martèle que le résultat fait partie "de la même séquence" que les municipales et qu'il n'y a donc aucune raison de redistribuer les cartes à la tête de l'État. "On ne va pas changer de gouvernement toutes les deux minutes", balaie Pervenche Berès, la tête de liste du PS en Ile-de-France aux européennes. Un peu effondré, un dirigeant PS, qui pressent que rien ne va changer, souffle : "Comme je ne suis pas très chrétien, je n'aime pas tendre l'autre joue. Une gifle, deux gifles, ça fait beaucoup..."
À 20 h 45, Jean-Christophe Cambadélis, visage grave, monte sur la petite scène prévue pour son allocution. Le patron du PS prend sa respiration, reboutonne sa veste et entame : "Ce jour restera dans nos mémoires comme un jour sombre pour la démocratie, pour l'Europe et pour la France." S'il se montre optimiste concernant la réussite des réformes entamées ("Le redressement va porter ses fruits"), le patron du PS fustige "une campagne trop courte, pas assez européenne et trop superficielle".
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