jeudi 16 janvier 2014
Changement de paysage
Changement de paysage
On ne sait pas si François Hollande parviendra à modifier la carte de France des régions mais il a déjà fait bouger le paysage politique. C'est peu dire que les réactions à sa troisième conférence de presse bousculent les frontières partisanes. Dans le court terme, il y a là matière à réconfort pour un président qui s'est sorti de l'exercice avec un certain cran, dans les conditions que l'on sait. En témoigne le sondage CSA pour BFMTV dévoilé hier soir. Une majorité de Français ont trouvé François Hollande tourné vers l'avenir (54 %), courageux (51 %) et présidentiel (51 %). Bien que de forts doutes subsistent sur sa capacité à rassurer (30 %) ou à convaincre (28 %), François Hollande n'a pas été répudié par l'opinion malgré son aventure galante.
On ajoutera que plus de quatre millions de Français l'ont suivi à la télévision, soit deux fois plus que pour sa précédente conférence de presse. La performance est honorable même si une curiosité plus ou moins malsaine a dopé l'audience. En vérité, François Hollande a réussi un pari qui n'était pas gagné d'avance en parvenant à imposer l'image du personnage public sur celle de l'homme privé.
En s'abstenant de faire du sentiment, François Hollande a opéré un étonnant rétablissement. Partant d'une position calamiteuse, il a paradoxalement renforcé sa « présidentialité ». Au lyrisme du Bourget s'est substitué le pragmatisme d'un néo-réformateur rebondissant sur ses échecs. Il reste à juger sur la durée ce qu'il en sera de la concrétisation des nombreux chantiers ouverts.
Une chose est sûre : le chef de l'État, se posant d'abord en patriote, en appelle à une trêve dans les affrontements bipartisans. Il y a de l'habileté dans sa façon d'affoler les boussoles des partis. La gauche de la gauche ne se reconnaît plus dans une politique que la droite avait revendiquée en son temps sans la mettre en 'uvre, mais qu'elle refuse aujourd'hui de cautionner. Quant aux centristes, ils hésitent. Drôles de jeux politiciens quand la crise justifierait des majorités d'idées pour changer enfin le paysage.
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