TOUT EST DIT

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mercredi 1 mai 2013

Le double langage de François Hollande aux entrepreneurs


Le chef de l'État sait que les entreprises sont les seules à pouvoir améliorer la situation du chômage. Il a annoncé une batterie de mesures. Dans le même temps, le PS dépose une proposition de loi sur la cession des sites rentables critiquée par les patrons.
La journée de lundi ne se voulait pas une simple opération séduction. Ce devait être le point de départ d'une nouvelle relation entre des chefs d'entreprise, animés par un sentiment de défiance, et un président de la République bien conscient qu'il ne peut se couper de la seule population capable d'améliorer la situation de l'emploi. C'est donc le chef de l'État en personne qui a prononcé le discours de clôture des Assises de l'entrepreneuriat et a annoncé «un plan d'ensemble» - découlant des propositions des neuf groupes de travail mis en place en janvier dernier - visant à «valoriser la place de l'entrepreneur dans la société française» et à «soutenir le financement et le développement des entreprises».
Que des clôtures d'Assises se déroulent dans la salle des fêtes de l'Élysée, c'est suffisamment «rare» pour que l'entourage du chef de l'État le souligne. «Je tenais à m'adresser directement à vous qui prenez chaque jour des risques pour notre économie et pour l'emploi», a d'ailleurs souligné François Hollande, souriant, devant 300 patrons. Tout en relevant, dans une allocution largement teintée de libéralisme, que «notre société doit valoriser la réussite sous toutes ses formes, le talent quel que soit son domaine. Et la performance quelle que soit la taille de l'entreprise».
«Ce qui est nouveau, c'est que la gauche adopte un discours à ce point positif sur le rôle de l'entrepreneuriat ; c'est un signal fort et important», analysait-on hier à l'Élysée.
Il faut dire que François Hollande avait, aux yeux des dirigeants, beaucoup à se faire pardonner. Une campagne durant laquelle les entreprises et les riches ont été pris pour cible fiscale ; se faire pardonner ensuite la mise en place d'une taxe à 75 % pour les hauts revenus, un «symbole» pour la gauche ayant stigmatisé la réussite, la prise de risque et dégradé l'attractivité du pays ; ou encore se faire pardonner l'épisode désormais célèbre des «pigeons» - ces patrons de start-up qui ont pris de plein fouet une réforme sur les plus-values de cessions, provoquant un large mouvement de révolte sur les réseaux sociaux. Autant d'épisodes qui, durant des mois, ont brouillé les messages du gouvernement qui se voulait pro-entreprises, à l'image de la création du crédit d'impôt compétitivité ou la création de la Banque publique d'investissement.

«Revenir sur les malentendus»

Pour joindre les actes à la parole, le chef de l'État a donc annoncé hier toute une série de mesures, allant de la sensibilisation de l'entrepreneuriat à l'école, en passant par la création d'un «visa entrepreneur» ou encore l'amélioration du statut de la Jeune entreprise innovante. Surtout, François Hollande a mis un point final au désaccord profond qu'il avait avec les «pigeons» sur la fiscalité (voir ci-dessous). «Je veux revenir sur les malentendus qui ont pu apparaître à l'automne dernier», a insisté François Hollande.
C'est vrai «il a pu y avoir par le passé des malentendus, voire des maladresses», admettait hier la ministre des PME, de l'Innovation et du Numérique, Fleur Pellerin. Mais celle-ci veut désormais croire que «les choses sont claires: le chemin du redressement économique, celui qui nous permettra de remporter la bataille de l'emploi et de la cohésion sociale, ce chemin - que nous prenons résolument -, c'est celui de soutien aux entreprises françaises», a-t-elle dit lors du discours d'ouverture des Assises.
Au-delà de la journée de lundi, c'est un travail de reconquête, patron par patron, secteur par secteur, que l'exécutif a entrepris. François Hollande s'est mis à voir régulièrement des chefs d'entreprise, en dehors des situations précises qui nécessitent qu'un dirigeant soit reçu au Palais. Juste pour prendre le pouls. Hier encore, il déjeunait avec Jean-Dominique Senard (président de la gérance du Groupe Michelin), Gilles Schnepp (PDG de Legrand) et Thierry de La Tour d'Artaise (PDG du Groupe SEB) notamment. «Il est affable, écoute, s'intéresse, pose des questions sur la stratégie choisie par l'entreprise ; mais on sait rarement ce qu'il pense», conclut néanmoins un grand patron, récemment invité à sa table.

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