dimanche 8 décembre 2013
Le corps sacré du président
Le corps sacré du président
Le mythe du surhomme a de beaux jours devant lui : l'opération de la prostate qu'a subie, en 2011, François Hollande, alors même pas candidat à la présidentielle, a défrayé la chronique comme si le chef de l'État français se devait d'être en acier trempé.
Les mensonges de ses prédécesseurs – par omission ou par commission – expliquent sans doute la précipitation des médias, enclins à voir derrière le moindre flou un loup de première grandeur. Mais quoi de commun entre une pathologie grave à la Pompidou ou à la Mitterrand et un « bobo » d'homme résolument « normal », qui ne s'est même pas caché au moment de son hospitalisation, ou le banal malaise vagal d'un Nicolas Sarkozy surmené ?
L'exigence de transparence est paradoxale : on voudrait tout savoir du moindre organe défaillant du chef de l'État alors qu'on se révolterait à l'idée d'une visite médicale d'embauche trop poussée. Et l'on oublie les leçons de l'histoire et des grands hommes épileptiques ou cardiaques (César, Richelieu ou Churchill) qui ont conduit leurs peuples au moment de crises qui n'avaient rien à envier à la nôtre.
Les Français n'en ont pas fini avec leur roi. Figure tutélaire et paternelle, il hante encore la mémoire d'un peuple qui ne s'est pas remis du régicide de 1793. Le président de la République est ainsi à la fois un homme ordinaire soumis aux aléas de la santé et une personne sacrée dotée de pouvoirs quasi-magiques. Il est temps de grandir.
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