mercredi 9 octobre 2013
Hollande, l'art de l'esquive !
La méthode de François Hollande est bien particulière...
Charlotte Chaffanjon : C'est une méthode de l'esquive. De l'embrouille, même. Prenons d'abord l'exemple de sa politique fiscale. François Hollande a augmenté les impôts. Mais, pour rassurer les Français, il s'invite mi-septembre sur TF1. Lors d'un tunnel long de cinq minutes, il tente de démontrer qu'il n'y a pas de matraquage fiscal et il annonce deux décisions. Je vous épargne le son, parce que ses explications sont laborieuses, je vais vous simplifier au maximum : la réindexation du barème de l'impôt sur le revenu par rapport au coût de la vie et puis l'allègement des premières tranches du barème, grâce à un mécanisme de décote, pour que certains contribuables soient épargnés par l'impôt.
Ce n'était pas très clair...
Mais c'était le but ! Perdre son auditeur pour le décourager de chercher à comprendre, c'est s'offrir la possibilité d'agir en toute tranquillité. Tout le reste est à l'avenant. Hollande ne dit pas les choses, ou les dit de façon alambiquée. Pour préserver tout le monde. Je vous cite un député socialiste : "François Hollande pratique une politique de l'offre, il veut doper la compétitivité, il est pro-business. Mais il n'assume pas sa politique réelle pour garder avec lui l'ensemble de sa majorité."
La méthode Hollande s'applique aussi à d'autres thèmes que l'économie.
La polémique autour des Roms est un cas d'école. Manuel Valls doute de la faculté des Roms à s'insérer, Cécile Duflot juge que son collègue rompt avec le pacte républicain... Ils s'affrontent, c'est un couac. Ok. Mais, dans le fond, chacun est dans son rôle. Ce ne sont pas eux, le vrai problème. Car quid de François Hollande ? Bien malin, après des semaines de débat, celui qui peut dire ce que pense le président...
Est-il pour une politique d'intégration des Roms ? Ou veut-il les renvoyer dans leurs pays ?
François Hollande a d'abord laissé filtrer qu'il défendait Manuel Valls avant, en tout petit comité, de prendre des distances avec le ministre de l'Intérieur. L'affaire s'est terminée par un recadrage en conseil des ministres qui n'impressionne personne. Du pur affichage. Et par une note de Matignon pour demander aux ministres de prévenir avant de répondre à une interview. De la forme pour masquer le fond. Une esquive en forme de travail d'artiste.
Dans un livre qui vient de paraître, L'homme sans com' de Denis Pingaud, le président se livre à un exercice tout à fait atypique : il décrypte sa propre communication.
De toute façon, Hollande pense qu'il n'est jamais mieux servi que par lui-même... Il raconte qu'il cherche à "produire un récit compréhensible". Mais ce n'est pas vrai ! Avec une majorité qui va de Valls à Duflot justement, qui marche en équilibre précaire sur ces deux piliers, Hollande va de l'un à l'autre, donne à l'un et à l'autre, sans jamais vraiment trancher, on l'a vu. Il cherche tout simplement à produire un récit qui aille à tout le monde. François Hollande n'écoute que lui, son instinct est sa meilleure feuille de route. Avec cette stratégie, il a remporté une présidentielle. Rien ne dit que cela marchera deux fois.
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