mercredi 10 juillet 2013
Paris : Juppé conseille "le renouvellement" à NKM
La candidate à la mairie de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet a rendu visite mardi au maire de Bordeaux Alain Juppé, lui aussi en campagne pour les municipales.
Deux anciens ministres aujourd’hui dans l’opposition, des tapas, quelques verres de rosé pour rafraîchir une journée étouffante, des paroles aimables. Un peu plus loin, la Garonne coule sous le nouveau pont Chaban-Delmas. L’été en pente douce? L’image est trompeuse. L'homme et la femme qui devisent ce mardi à l'ombre de la toile d'un restaurant bordelais de plein air, portent chacun, Alain Juppé à Bordeaux et Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris, une part importante des espoirs de leur famille politique pour mars 2014.
Personne ne croit Alain Juppé sérieusement menacé dans la ville qui l'a élu pour la première fois en 1995. "Il ne faut pas s’endormir", assure quand même l’ancien Premier ministre qui craint une poussée du FN. Il connait bien le candidat du parti d’extrême droite, Jacques Colombier, un ancien membre de son conseil municipal. "Je ne le sous-estime pas, poursuit le maire de Bordeaux. C’est un homme intelligent." Qui pourrait l'empêcher de réitérer sa performance de 2008 : une ré-élection dès le premier tour avec plus de 56% des voix.
A ses côtés, Nathalie Kosciusko-Morizet lui rend visite ce jour-là dans le cadre de ses déplacements mensuels en région. "Bordeaux et Alain sont une source d’inspiration," explique-t-elle, évoquant la "transfiguration" de la capitale d’Aquitaine, "la manière dont la ville a reconquis son fleuve". "À Bordeaux, Alain Juppé n'a pas une étiquette droite gauche, c'est d'abord un maire qui joue la proximité, qui a su faire de l'intégration de déplacements doux, sans que les automobilistes aient l'impression d'être rejetés", abonde-t-on dans l'entourage de la candidate.
Au fil du temps passé dans le même gouvernement, ces deux animaux politiques qui se connaissaient mal se sont apprivoisés. Ils se retrouvent aujourd’hui, au sein de l’UMP, sur la même ligne modérée. Pendant la difficile campagne pour la primaire ouverte à droite, le Bordelais avait soutenu sans réserve la Parisienne. "Vas-y Nathalie, pour Paris, tu es la meilleure", avait-il même tweetéalors que la Droite Forte voulait la faire trébucher. "Elle a remporté une belle victoire à la primaire et elle a toutes ses chances de gagner Paris", lance-t-il en ce mardi, ajoutant à l’attention de sa voisine de table: "On te soutiendra, de loin ou de près."
Celui qui est aussi un ancien élu de Paris précise son propos peu plus tard : "Paris, c’est faisable, mais le problème c’est les arrondissements. Pour les têtes de liste, je conseille le renouvellement!" La semaine dernière, NKM a annoncé qu’elle allait se présenter dans le 14e arrondissement de Paris. Depuis les esprits s’échauffent : une liste dissidente dans le 14e, Charles Beigbeder qui se positionne dans le 12e… La candidate prend le parti de s’en amuser : "Je devrais en envoyer ici la semaine pour les calmer."
La veille, tous les deux étaient assis au même rang, lui l’ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, et elle son ancienne porte-parole, à écouter l’ancien chef de l’Etat s’exprimer devant le bureau politique de l’UMP. Là encore, ils partagent la même analyse : ce n’est pas un retour politique. "Il n’allait pas nous parler des taux d’emprunt. C’est un ancien président de la République!", lance la députée de l’Essonne. De son côté, Juppé temporise : "Trois ans en politique, c’est une éternité."
Dans la salle du BP, certains se sont émus de ne pas avoir vu trois anciens Premiers ministres, Juppé, Balladur et Fillon, se lever pour applaudir la fin du discours de Nicolas Sarkozy. Juppé s’en explique : "A ce moment là, il n’avait pas fini son discours et il faisait des gestes de la main pour nous dire qu’il allait continuer", assure celui qui se félicite d’avoir entendu Nicolas Sarkozy "mettre l’accent sur l’enjeu européen". Le président-fondateur de l’UMP s’inquiète en effet du peu d’intérêt que suscitent pour le moment les élections européennes dans sa famille politique. "Récemment, j’ai discuté avec un universitaire qui s’alarmait avec raison : 'Que se passe-t-il si les partis anti-européens deviennent majoritaires au Parlement?' Nous sommes tous dans les municipales, cela me préoccupe. J’ai peur que nous ne soyons pas prêts pour les européennes." A ses côtés, NKM l’écoute attentivement.
A les voir tous les deux, un journaliste s’emballe et tente d’accélérer le cours du temps : "Quand vous serez président de la République, elle sera votre Premier ministre?" Juppé s’amuse : "Non, je la soutiendrai pour la primaire!"
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