dimanche 14 juillet 2013
Hollande, le grand méchant mou
Hollande, le grand méchant mou
Sacré François Hollande : en limogeant brutalement la sympathique mais dérisoire ministre de l'Écologie, Delphine Batho, il aura presque réussi à nous faire croire qu'il était un homme fort, fût-ce en manquant singulièrement de sens démocratique pour un président de la République se réclamant de la gauche.
Je dis bien presque. Car, dans le même temps, François Hollande n'a pas dit un mot, lors de sa toute récente visite en Tunisie, en faveur de la pauvre Amina, activiste au sein des Femen, arbitrairement emprisonnée dans une sordide geôle de Tunis, depuis maintenant plus d'un mois, pour avoir osé montrer ses seins nus à la face barbare de ces fondamentalistes islamistes et autres intégristes salafistes qui ont honteusement volé les vrais révolutionnaires, sans que ce même Hollande pipât mot, là encore.
Pis ! Pas un mot non plus, de la part de Hollande à l'encontre de Barack Obama, président d'une Amérique que les puissances occidentales présentent sans rire comme la plus grande démocratie du monde (tandis qu'elle pratique largement cet assassinat d'État qu'est la peine de mort et que son armée s'avère la plus belliqueuse du monde). Et ce, alors qu'il entend pourchasser coûte que coûte ceux-là même, tels Julian Assange ou Edward Snowden, qui ont révélé à la planète entière à quel infâme délit d'espionnage se livrent aujourd'hui ces mêmes États-Unis, à l'encontre de leur principal allié politique de surcroît, l'Europe.
On l'admettra donc aisément : le paradoxe s'avère énorme, pour un François Hollande qui se revendique socialiste ! Ainsi assiste-t-on aujourd'hui, abasourdi par le tintamarre de pareille hypocrisie, à cette autre et encore plus incompréhensible contradiction : Hollande, d'un côté, demande très légitimement des explications à Obama pour cette innommable forfaiture et, de l'autre, laisse croupir sans broncher Snowden, jusqu'à lui refuser tout asile, dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou.
C'est dire l'ampleur, mais surtout le déshonneur, de ce double et pathétique langage : de Gaulle, qui fit autrefois de la souveraineté nationale la grandeur de la France, doit se retourner aujourd'hui dans sa tombe, tandis que Voltaire, qui fit jadis de l'esprit d'indépendance le principe même des Lumières, doit se désespérer, en ces temps de pensée aussi molle que la cervelle de bien de nos responsables politiques.
Est-ce pour se persuader de son illustre mais illusoire pouvoir que François Hollande vient donc d'expédier hors de son gouvernement, par la plus expéditive des méthodes justement, la pauvre Delphine Batho, facile et commode bouc émissaire des frustrations et autres complexes présidentiels, plutôt que d'oser tenir tête à Obama en accordant l'asile à Edward Snowden ? Il est vrai, concédons-lui le bénéfice du doute, qu'il est forcément difficile aujourd'hui, pour un nain de la politique française, de s'adresser à un géant de la diplomatie américaine...
Devant pareille et indigne ambiguïté comportementale de la part de l'actuel président de la République (sa fausse force face à Batho mais sa vraie faiblesse face à Obama), il ne me vient désormais plus à l'idée, pour qualifier ce vaisseau fantôme qu'est ce hollandais volant (Richard Wagner me pardonnera), qu'un mot : le grand méchant mou. Autant dire qu'il s'agit là d'un vaudeville tragi-comique bien plus que d'un opéra, sinon, comme diraient Bertolt Brecht et Kurt Weill, de quat'sous !
* Philosophe, auteur de Philosophie du dandysme - Une esthétique de l'âme et du corps (Presses universitaires de France), Oscar Wilde (Gallimard - Folio biographies), Du beau au sublime dans l'art - Esquisse d'une métaesthétique" (Éditions L'Âge d'Homme/Académie royale des Beaux-Arts de Liège)
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