TOUT EST DIT

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lundi 10 juin 2013

Droit de regard: cinquante nuances de rose

Droit de regard: cinquante nuances de rose


François Hollande était l’invité d’honneur du cent cinquantième anniversaire de la naissance du SPD, à Leipzig. Devant un parterre composé des plus hautes autorités du pays — dont Angela Merkel —, il a prononcé un discours qui a fait des vagues en France. Car ce que l’on en retient surtout est l’hommage appuyé à Gerhard Schröder, le chancelier qui, avec son Agenda 2010, avait opéré une réforme drastique de l’État providence. Des efforts douloureux pour les Allemands. En décembre 2012, Jean-Marc Ayrault estimait que si Schröder avait redressé l’industrie, il avait trop accru la pauvreté, ce qu’il ne voulait pas faire en France. En clair, Schröder n’était pas son modèle.
Cet hymne du président français au schröderisme a révulsé l’aile gauche du PS. Mais il faut lire son discours comme celui d’un homme qui s’adapte au terrain. Venu devant le SPD, il a vanté les mérites de la “social-démocratie” et rendu hommage à plusieurs grands leaders historiques, du temps où le salaire minimum était à leur programme (il n’existe toujours pas en Allemagne). Et il y a eu bien sûr ce coup de chapeau à Schröder, « à ses réformes courageuses qui ont préservé l’emploi ». Assis au premier rang, l’intéressé buvait du petit-lait même s’il ne rate pas une occasion de critiquer le manque d’ambition réformatrice de François Hollande. Lequel ayant dit cela, a souligné combien « nos deux pays étaient différents et nos cultures syndicales singulières »« Tout n’est pas transposable », a-t-il dit, précisant que, lui, ce qu’il garde de la social-démocratie, c’est « le sens du dialogue, la recherche du compromis et la synthèse permanente entre la performance économique et la justice sociale ». Du schröderisme dans sa version la plus light. Comprenez : “Vous, c’est vous, et nous, c’est nous…”
Les socialistes annoncent pour la fin de l’année une réforme des retraites qui, disent-ils, va décoiffer et faire des mécontents. Attendons la fin de l’an II. Concession à la social-démocratie, François Hollande cajole les chefs d’entreprise. Finis les discours punitifs. Il l’a compris, sans eux, pas de croissance, pas d’emploi. Et lui, qui avait fait de la finance son ennemi, vient de renoncer à légiférer sur les hauts salaires des dirigeants. Une promesse non tenue. Jean-Christophe Cambadélis s’est étranglé, la gauche du PS ne l’a pas digéré. Le hollandisme, c’est “Cinquante nuances de rose”.
Le plus grand virage de Leipzig est la conclusion du discours : « Unies, la France et l’Allemagne feront avancer l’Europe », a proclamé François Hollande. Façon de tourner la page, après un an de bisbilles et de tensions amicales. Il aura rencontré la chancelière le 30 mai afin d’élaborer une contribution commune avant le prochain sommet européen de juin. Une première depuis qu’il est à l’Élysée.

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