jeudi 21 février 2013
Rigueur… Vous avez dit rigueur ?
Rigueur… Vous avez dit rigueur ?
De la rigueur avant toute chose… C’est le maître mot, l’exhortation de nos gouvernants socialistes qui hier et avant-hier et même encore jusqu’à l’automne dernier faisaient profession dans leurs discours (et plus encore dans leurs actes) d’abhorrer ce mot. Rigueur ? Pouah ! Un terme qu’ils récusaient, idéologiquement et mathématiquement, s’efforçant de le bannir de leurs laïus et de leurs programmes. Ils préféraient le remplacer par le mot beaucoup plus attrayant de prodigalité. Etre généreux avec l’argent des contribuables, c’était tentant et tellement plus facile. Cela se traduisait notamment par laissons courir les déficits… et après nous le déluge ! Les dépenses publiques, qu’ils semaient à tous vents, devaient tout irriguer… et surtout les champs verdoyants de leurs campagnes électorales, assurant ainsi leurs réélections.
Aujourd’hui, le dos au mur de leurs lamentations et des déficits qu’ils ont accumulés, les socialistes au pouvoir se prosternent devant la notion de rigueur, subitement érigée par eux, les rois du gaspillage, eux qui en étaient les négationnistes les plus virulents, en une sorte de totem auxquels ils adressent désormais leurs suppliques : Rigueur, nous t’implorons dans toute ta rectitude implacable… Descends sur le peuple de France…
Nouvelle dérive dépensière
Sur le peuple : pas sur la classe politique qui nous a mis dans le pétrin. René Dosière, député socialiste (réélu toutefois sans l’investiture du PS) qui s’est fait une spécialité de traquer les dépenses de l’appareil d’Etat, de l’Elysée d’abord puis ensuite du monde politique dans son ensemble, qualifie de « nouvelle dérive » l’augmentation des indemnités des conseillers régionaux entre 2009 et 2011. Selon Le Point, qui citait René Dosière dans son numéro de la semaine dernière : « Les élus régionaux ont gagné en moyenne 8 % de plus entre ces deux années alors que le point d’indice, qui sert de base de calcul, est bloqué depuis 2010. Si trois régions paient moins leurs élus (Corse, Champagne-Ardenne et Rhône-Alpes), huit paient plus. Et certaines beaucoup plus : la Bretagne et l’Aquitaine ont offert des coups de pouce de 19 et 18 % à leurs élus (…). Les deux régions expliquent que leur population a passé durant cette période la barre des 3 millions d’habitants, ce qui offre la possibilité d’augmenter les rémunérations… Troisième région métropolitaine la plus généreuse, Poitou-Charentes a augmenté en moyenne ses élus de 7 % (…). A la différence des deux autres régions, Poitou-Charentes n’a pourtant pas changé de catégorie de population. » Non, mais elle a à sa tête Ségolène Royal. Une poussée démographique à elle toute seule.
Rappelons que les 22 régions de la France métropolitaine, à l’exception de l’Alsace, sont gouvernées par la gauche.
Pour que les « coupes drastiques dans les dépenses publiques », réclamées par la Cour des comptes et désormais par le gouvernement de François Hollande, soient acceptées des Français, la classe politique devrait peut-être commencer par s’appliquer à elle-même cette rigueur qu’elle appelle de ses vœux. Ne pas augmenter les rétributions quand certains compatriotes sont appelés à baisser les leurs, est-ce vraiment trop leur demander ? « L’élite c’est l’exemple ou ce n’est rien », disait Céline. L’élite de nos politiciens, ce doit être moins que rien puisque qu’elle donne, en matière de restriction budgétaire, un contre-exemple de ce qu’elle prêche…Une élite avec un zéro pointé, comme la croissance ? Peut-être devrions-nous mettre aussi nos hommes politiques, comme ils l’ont fait sans vergogne avec les salariés, en concurrence avec des responsables étrangers, dont les performances sont bien meilleures que les leurs, pour des émoluments souvent beaucoup moindres ?
Le marécage de la zone euro
En novembre dernier, The Economist, journal de référence du libéralisme anglo-saxon, taxait la France de « Bombe à retardement au cœur de l’Europe ». C’était sans doute arrogant de la part d’un média britannique, pays dont l’économie, si elle possède certes de meilleures perspectives que les pays du sud de l’Europe, France comprise, n’est tout de même pas en très grande forme lui non plus, mais malgré tout un peu vrai puisque les Allemands pensent de même. Avec, au cœur de l’explosion à venir, le pouvoir d’achat et le niveau de vie des Français, menacés de désagrégation. Ce mois-ci donc The Economist récidive, jetant son dévolu critique sur l’Italie où des élections législatives auront lieu les 24 et 25 février prochains. Se posant toujours en parangon de l’économie libérale, l’hebdomadaire anglais reproche à l’Etat italien d’avoir « l’économie la plus inerte d’Europe », soulignant avec insistance « une croissance zéro depuis plus d’une décennie ».
Effectivement : depuis que l’Italie est entrée dans la zone euro. La monnaie unique devait produire un miracle économique dans les pays concernés. Elle n’a fait au contraire que les tirer vers le bas. En Italie, constatent les augures de The Economist, « Le produit intérieur brut par tête y est plus faible qu’au moment de l’introduction de l’euro ; la productivité des entreprises ne cesse de décliner ». CQFD… Une phrase qui télescope cet autre constat dressé dans l’éditorial du Monde daté du mardi 19 février, consacré également, actualité oblige, à l’Italie : « Le chômage a augmenté, les impôts aussi. La consommation s’effondre. M. Monti a beau prévenir les Italiens que “le grand incendie financier menace de repartir s’ils prêtent l’oreille à Berlusconi et à ses promesses”, rien n’y fait : la classe moyenne souffre. Elle ne voit pas la fin de la rigueur. Elle incrimine, à tort, l’euro. »
L’euro qui transforme, dans la plupart des pays où il est présent, les économies en eaux stagnantes, n’est sans doute pas le seul responsable du marasme italien. Mais comme dans les autres pays, excepté l’Allemagne – et pour cause : l’euro n’est que la continuation du Mark, – il y a beaucoup contribué. Les Italiens ne se trompent pas, contrairement à ce qu’affirme Le Monde, lorsqu’ils attribuent à la monnaie unique une grand part de leurs souffrances. C’est hélas rigoureusement vrai, pour reprendre ce terme avec lequel les socialistes continuent de jouer. Ainsi M. Ayrault ne veut pas, dit-il, de la « rigueur » mais une « gestion rigoureuse »… Ça change tout.
A défaut d’une victoire de Mario Monti que les sondages relèguent en quatrième position des intentions de vote, Le Monde, comme The Economist, souhaite ardemment la victoire de la gauche (menée par un ancien communiste). Une gauche « réformatrice » contrainte de s’allier, pour gouverner, avec la coalition conduite par M. Monti. Un socialo-libéralisme compatible avec les dogmes économico-technocratiques de Bruxelles. Que crèvent les nations et les peuples, pourvu que l’euro survive, même dans un état catastrophique. Idéologie d’abord ! Celle, en l’occurrence, de l’euro-mondialisme…
La Grèce, à laquelle François Hollande a rendu visite mardi, est l’exemple le plus spectaculaire de cet entêtement européen. Le président français a reconnu : « En Grèce les sacrifices demandées à la population ont été plus douloureux qu’ailleurs. » Des sacrifices que le carcan de l’euro a rendu quasiment vains. Cela n’empêche pas François Hollande de proclamer : « Le sens de ma visite aujourd’hui est d’apporter le soutien de la France pour que la Grèce réussisse et pour que l’Europe avance avec elle. » Avance vers quoi ? Toujours le même mirage délétère ? Avec à la clé toujours plus d’austérité et de chômage ? L’avancée de tout un cortège de pays éclopés – avec dans le peloton de tête la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal – clapotant clopin-clopant dans les eaux dormantes, déjà fétides pour certains d’entre eux, d’une zone euro de plus en plus asphyxiante…
La France comme la Grèce
L’éditorialiste des Dernières Nouvelles d’Alsace constate quelques parallèles entre la Grèce et la France. « Par exemple l’incapacité de réformer un Etat ultra-dépensier (…). Autre point commun entre Athènes et Paris : chercher à rétablir les finances en tapant sur les salariés, sur les entreprises… ». On pourrait ajouter leur capacité commune à paupériser en masse les classes moyennes.
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