samedi 9 février 2013
Petroplus : Montebourg volontaire ou velléitaire ?
Petroplus : Montebourg volontaire ou velléitaire ?
On a appris hier soir que le gouvernement soutenait une offre égyptienne pour la reprise de Petroplus. Ce rebondissement est-il un succès de la méthode Montebourg ?
Il est trop tôt, bien trop tôt pour le dire. Pour les 470 salariés du site de Petit-Couronne, on ne peut évidemment que souhaiter que l’offre du groupe égyptien soit sérieuse et donc puisse être retenue par le Tribunal de commerce.
Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que beaucoup de confusion a entouré la gestion de ce dossier. Et après le revers d’Arnaud Montebourg sur Florange, salarié échaudé craint une nouvelle douche froide. Or il y a des similitudes entre les deux dossiers. Un ministre du Redressement productif assurant un peu crânement mardi que sur les cinq offres déposées, il y en avait deux « sérieuses et financées » - l’égyptienne, donc, et une suisse. Et des administrateurs judiciaires de Petroplus qui, dès le lendemain, concluent qu’aucune n’est « recevable en l’état ». Au début de la semaine, Matignon semblait préparer les esprits à une absence de repreneur ; à la fin de la semaine, le gouvernement se dit à nouveau prêt à prendre une participation au capital de la raffinerie pour faire aboutir une solution.
Où est la vérité ? Le gouvernement donne le sentiment de souffler alternativement le chaud et le froid ce qui n’est pas de nature à rassurer les salariés. François Fillon a dénoncé les « approximations » et la « démagogie » du pouvoir, mais bon, il est dans l’opposition. Plus gênant pour l’exécutif, les syndicats, la CFDT et le futur patron de la CGT Thierry Lepaon, s’insurgent contre des « effets d’annonce » et accusent même le gouvernement d’avoir une politique « similaire » au précédent, c’est-à-dire à la droite. En termes de crédibilité de l’action publique, l’enjeu de cette affaire Petroplus est donc colossal.
Peut-on dire qu’Arnaud Montebourg refait la même erreur que dans le dossier Florange ?
On le saura à l’arrivée. Si l’offre égyptienne aboutit, faisons lui confiance pour vanter bruyamment le succès de son volontarisme.
Avec Arnaud Montebourg, chassez le naturel, il revient au galop. Il y a quinze jours, lors de son émission Des paroles et des Actes, on avait dit : tiens un nouveau Montebourg ! Plus réaliste, moins tonitruant, moins velléitaire. Avec Petroplus, on retrouve le ministre qui fait savoir qu’il cherche toutes les solutions, qui se démène publiquement, s’engage sans attendre que la solution qu’il soutient soit parfaitement bordée. Une fois encore, si ça marche, tout le monde applaudira. Si ça ne marche pas, le jugement sera sévère pour un ministre qui ressort dossier après dossier les mêmes méthodes. Son volontarisme peut séduire mais s’il apparait qu’il se réduit à de l’incantation, son crédit en pâtira, à commencer auprès de ceux qu’il se fait fort de défendre.
Politiquement en tous cas, ça ne lui réussit pas trop mal. Dans le baromètre CSA publié ce matin dans les Echos, il est le troisième ministre le plus populaire, après Manuel Valls et Christiane Taubira, mais devant Laurent Fabius et Pierre Moscovici. En fait, face aux sites industriels menacés, Arnaud est comme un équilibriste. Peut-être qu’à l’arrivée, on applaudira l’artiste, mais à chaque instant, la chute est possible.
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