Question de défiance
Gardons-nous de ces cris d'alarme qui accompagnent généralement les sondages sur le Front national. Évitons les appels à la mobilisation générale qui, le plus souvent, accréditent la stratégie de « victimisation » des dirigeants frontistes. Certes, le baromètre annuel de TNS-Sofres montre que l'adhésion aux idées du FN se situe à son plus haut niveau historique (32 %), un seuil seulement atteint en octobre 1991. Certes, l'image du parti de Marine Le Pen s'améliore puisqu'ils sont moins de 50 % des sondés (47 %) à considérer désormais qu'il ne représente pas un danger pour la démocratie.
Mais tout cela doit être relativisé par le fait que 81 % des Français n'adhèrent pas aux solutions (surtout sur l'économie et l'isolationnisme) proposées par le FN et que 67 % n'envisagent pas de voter à l'avenir pour ce parti même badigeonné en « bleu Marine ». Bref, tout en s'installant dans notre paysage politique, y compris hors période électorale, le FN garde sa vocation protestataire malgré le discours parlementariste et républicain de sa « chef ».
La crise, avec son cortège, d'exacerbations et de souffrances individuelles, autorise le FN à jouer la carte de la défense du peuple, non sans démagogie. Mais puisque les Français considèrent que le FN apporte de mauvaises réponses aux bonnes questions qu'il pose, la balle est dans le camp des partis de gouvernement, gauche et droite confondues. À eux de dissiper cette défiance croissante des citoyens en évitant les polémiques stériles sur des connivences avec les extrêmes.
La gauche ne doit pas oublier qu'elle a perdu, au profit du FN, une partie de l'électorat ouvrier. Et la droite ne saurait se dispenser de la redéfinition d'une doctrine lui évitant l'éclatement et des alliances avec le parti de Marine Le Pen. La meilleure manière de répondre aux maux qui rongent notre société tient dans la mise en 'uvre de politiques intransigeantes, respectant nos valeurs républicaines. Pas plus. Mais pas moins.
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