samedi 9 février 2013
Des grèves à répétition qui minent la presse écrite
Des grèves à répétition qui minent la presse écrite
Impossible (ou presque), mercredi, de trouver un quotidien chez les marchands de journaux et autres kiosquiers. La raison de cette « non-parution » – plus exactement de la non-distribution – des quotidiens nationaux : un mouvement de grève chez Presstalis. Motif : peser sur les négociations, notamment sur le volet social qui prévoit la suppression à terme de la moitié des 2 500 salariés du groupe.
Un mouvement de grève orchestré par le Syndicat général du livre et de la communication écrite CGT (SGLCE-CGT), qui était la composante « distribution » du puissant bastion du syndicat du Livre (communiste) quand celui-ci fédérait – verrouillait – tous les métiers de la presse (lire à ce propos le livre de Francis Bergeron, Le livre CGT).
Sauvé de la faillite fin 2012 grâce à plusieurs dizaines de millions d’euros d’argent public et au lancement d’un plan de modernisation drastique, Presstalis est régulièrement secoué par des arrêts de travail sporadiques qui empêchent tout ou partie des quotidiens nationaux d’être distribués.
Depuis septembre 2012, date du début du conflit entre Presstalis (distributeur de 70 % de la presse et de l’intégralité des quotidiens) et les ouvriers du livre SGLCE-CGT, près de 30 jours de « non-parution » partielle ou totale des quotidiens ont été comptabilisés (23 grèves en quatre mois !). Des grèves surprises et à répétition, du genre « combat de type dockers » (les gros bras du SGLCE-CGTn’hésitant pas à user de l’intimidation physique et à détruire les journaux) et résultat d’années de verrouillage du Livre CGT, qui font payer un lourd tribut aux marchands de journaux et qui affaiblissent un peu plus les ventes au numéro des quotidiens déjà malmenés par la crise de la presse écrite.
Du coup, le monde de la presse est à bout. Manque à gagner pour les éditeurs, alors même que leur situation économique, fragilisée, est plus que délicate, ras-le-bol des lecteurs, excédés de ne pas trouver leur quotidien et vive inquiétude des marchands de journaux dont l’absence de quotidiens dans leurs points de vente, nuisible à une fréquentation déjà en baisse, affecte gravement leur exploitation – on compte un peu moins de 30 000 points de vente en France (kiosques, maisons de la presse, Relay…) et plus d’un millier ont fermé ces derniers mois et nombre d’entre eux sont confrontés à des problèmes de succession faute de repreneurs.
D’autant plus soucieux qu’« ils [les marchands de journaux] s’inquiètent également de leur relation au lecteur, qui se détourne du réseau physique pour aller chercher une version numérique – souvent gratuite – de son quotidien ; habitude qui pourrait perdurer », comme l’a écrit Gérard Proust, président de l’Union nationale des Diffuseurs de Presse, dans une lettre ouverte adressée au SGLCE-CGT.
De son côté, et en raison du conflit à Presstalis, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a demandé jeudi à son successeur, Claude Bartolone (PS), la création d’une mission d’information parlementaire « sur les problèmes de distribution de la presse en France ».
« La liberté de la presse constitue un des fondements de notre vie démocratique. Or, dans un contexte de mutation technologique, la question de la survie de la presse écrite est posée par des grèves répétées et incessantes dans sa distribution (…) d’où la nécessité de la création d’une mission d’information », a écrit Bernard Accoyer dans une lettre à Claude Bartolone.
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