vendredi 1 février 2013
Pacte rompu
Pacte rompu
Jamais, dans l’histoire de l’humanité, l’homme n’a été mieux soigné qu’aujourd’hui. Pourtant, en France, comme dans d’autres pays développés, la méfiance envers le monde médical grandit.
Hier, deux médecins d’Épinal ont été condamnés à des peines de prison ferme. Ils ont été reconnus responsables de l’irradiation de nombreux patients, dont douze ont péri des suites d’un mauvais dosage de leur traitement anticancéreux. Rarement, des praticiens ont été soumis à de telles peines. C’est dire que le regard de la société sur le monde médical s’est durci. S’il est exagéré de parler de divorce entre les Français et ceux qui les soignent, on peut constater que le doute grandit.
Il suffit de voir l’écho que rencontrent des affaires comme celles du Médiator ou de certaines pilules contraceptives pour comprendre que bien des gens s’interrogent sur la manière dont ils sont soignés. Leurs interrogations sont d’autant plus vives qu’ils payent très cher le droit d’être en bonne santé, même s’ils bénéficient encore de l’une des protections sociales les plus performantes. Aujourd’hui, le malade est de moins en moins patient quand il se rend compte que sa confiance a pu être abusée. D’où le recours de plus en plus fréquent aux tribunaux.
Les médecins du troisième millénaire ne se consoleront sûrement pas en songeant que Molière, déjà, dénonçait des praticiens bien loin de leurs malades. La comparaison fera mal à l’immense majorité d’un corps médical dévoué à la cause de leurs patients.
Le vent de méfiance qui secoue notre système de santé dissimule des réalités devenues des banalités : du simple vaccin contre la grippe à la recherche contre les maladies orphelines, la science médicale a contribué à prolonger nos existences de manière spectaculaire. Mais la médecine touche au sacré : à notre existence. C’est à la fois sa grandeur et sa faiblesse.
Toute erreur ou manipulation frauduleuse rompt le pacte de confiance que nous avons tacitement établi avec ceux qui veillent sur notre santé. Cette rupture fait jaillir en nous les vieilles peurs qui nous renvoient à notre statut précaire : celui de mortel, seul et démuni face aux dangers de l’existence.
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