dimanche 24 février 2013
Moscovici, le déficit budgétaire et Bruxelles : comment capituler sans capituler tout en capitulant ! Quand le gouvernement se perd dans ses reniements
Pierre Moscovici a pris "acte des nouvelles prévisions de la commission de Bruxelles" expliquant que le déficit de la France sera de 3,7% en 2013. Le ministre assure néanmoins que "les conditions sont réunies pour reporter l'objectif de déficit à 3% à l'année prochaine".
Aura-t-on la cruauté de rappeler les déclarations de Pierre Moscovici, le 4 juin 2012 à Bruxelles ? « La France parviendra à ramener son déficit public à 3% en 2013 sans mesure d'austérité », avait-il alors assuré au cours d'un point de presse commun avec le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. « Nous sommes prêts à être jugés sur nos résultats mais nous avons nos propres voies et moyens », déclarait-il bravache. Depuis hier, le jugement est tombé...
En fait, Moscovici est une sorte de héros de la résistance «hollandaise» au réel. Il était le dernier, il y a une semaine, à parler encore de croissance à 0,8 % et de déficit à 3 %. Mais les autruches à la tête ensablée finissent par sentir un jour les crocs des fauves s’attaquant à leurs postérieurs. Il a donc dû, hier, se livrer à un exercice de contorsion verbal qui restera dans les annales du double langage.
Désormais, il prend « acte des nouvelles prévisions de la commission de Bruxelles ». Pouvait-il faire autrement ? Adepte de l’horizon glissant, il fait aussitôt mine de croire qu’il ne faut désormais se soucier que de 2014. Oublié 2013, « les conditions sont réunies pour reporter l'objectif de déficit à 3% à l'année prochaine » ! On pourrait presque penser qu’il s’agit d’une victoire : l’an prochain on rasera gratis et on restera dans les clous. Nous n’avons qu’une toute petite année de retard sur nos objectifs. Le problème c’est qu’il s’agit d’une année par année écoulée, bref d’un taux d’échec de 100 % ! C’est une façon plus cruelle de présenter les choses, il est vrai.
Et pour la suite ? Quelles chances y a-t-il pour que l’objectif de 3 % ne soit pas à nouveau culbuté en 2014 ? Circulez braves contribuables : « Pour tenir l’objectif de 3% en 2014 nous avons déjà décidé un certain nombre de mesures d’économies. Le gouvernement déploie sa stratégie pour muscler notre économie et renouer avec une croissance plus forte, plus solidaire ». Ah ? Cela signifie-il que l’austérité pure et dure va s’abattre sur les Français ? Nenni ! Moscovici ne veut pas « ajouter l'austérité à la récession » et le gouvernement n'est pas « en train de préparer un collectif budgétaire » pour tenter de maintenir à tout prix les objectifs de réduction des déficits précédemment affichés. Mais où trouvera-t-il alors les sévères coupes budgétaires qu’il faudra pratiquer pour atteindre l’objectif de 3 % même avec un an de retard ? La mansuétude de nos partenaires ne vaut en effet que si nous nous plions à cet exercice de contraction sauvage.
Bref, nul n’y comprend plus rien si ce n’est que l’équipe de bras budgétaires cassés qui nous gouverne dit tout et son contraire, veut faire de la rigueur sans l’annoncer et sans en faire vraiment.
L’écran de fumée dans lequel se perd le pouvoir devient suffoquant. Heureusement, il reste à agiter le fantôme de Sarkozy, à qui, selon Moscovici, nous devons toutes ces difficultés : « La situation des finances publiques qui nous a été laissée est désastreuse, la dette a augmenté de 600 milliards d’euros entre 2007 et 2012. Notre pays a trop longtemps pratiqué la stratégie de la fuite en avant. Nous devons aujourd’hui prendre nos responsabilités ». Si l’ancien président n’existait pas, le gouvernement l’inventerait.
C’est encore et toujours cette inquiétante méthode qui consiste à affirmer un grand principe pour le contredire immédiatement par les décisions qui sont censées le mettre en œuvre.
A ce niveau, ce n’est plus de l’habileté, c’est déjà de la schizophrénie.
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