dimanche 10 février 2013
Les fonctionnaires contre la France
Les “nantis de la République” s’apprêtent à manifester pour la troisième fois en deux semaines. Alors qu’ils sapent le pays et en abusent joyeusement.
Imaginons un Américain débarquant à Roissy, la semaine dernière, pour tenter de faire des affaires avec des Français. Il aurait eu le sentiment que rien ne change décidément au pays de La Fayette. Cherchant à rejoindre son hôtel dans le centre de la capitale, voilà son taxi bloqué par un cortège de 15 000 manifestants : uniquement des fonctionnaires. La dernière fois que cet Américain est venu en France, il y a cinq ou six ans, il s’est retrouvé pris au piège par une même grève des agents de l’État. Alors qu’il s’étonne à voix haute de ce pays, qu’il trouve systématiquement paralysé par des manifestations ou des arrêts de travail, le chauffeur de taxi lui répond, résigné :« Ils peuvent faire grève comme ils veulent ; de toute manière, il ne leur arrivera rien. Certains font même grève pour que leurs jours de grève soient payés. Or, l’État cède. Alors pourquoi se priveraient-ils ? »
Il y a quelques jours, François Hollande, élu en mai dernier avec le soutien sans faille de la fonction publique, a donc dû affronter sa première grande grève des fonctionnaires. Et le 12 février prochain, ce sera au tour de l’ensemble des enseignants du primaire de cesser le travail. Que la droite soit au pouvoir, ou que ce soit la gauche, les seuls Français que l’on voit toujours dans la rue, qui bloquent sans vergogne la circulation des trains, des avions ou des métros, ce sont des agents de l’État.
Dans les cortèges du 31 janvier dernier mêlant joyeusement agents de l’éducation, des douanes ou encore des hôpitaux, notre Américain de passage à Paris pouvait lire : « Cocorico, bientôt le coq ne chantera plus à force d’être plumé », « Fonction publique en colère » ou bien « Hollande, rends-nous la monnaie ». En votant massivement pour le candidat socialiste, en mai dernier, les fonctionnaires espéraient bien voir leur pouvoir d’achat repartir à la hausse, comme à la belle époque de Lionel Jospin. C’était oublier qu’une hausse de 1 % seulement du point d’indice auquel sont liées les rémunérations des agents de l’État coûte à celui-ci plus de 800 millions d’euros. Or, le Trésor n’a plus un sou à dépenser, pas même pour “rendre la monnaie” à ces bataillons de fonctionnaires qui ont tant voulu cette alternance.
Le pire, c’est que ces fonctionnaires prétendent agir au nom de l’État. Alors qu’ils sapent chaque jour un peu plus le pays, le maltraitent et en abusent joyeusement. Ne parlons pas de la fonction publique hospitalière (1,1 million d’agents), qui mérite le respect de tous les Français pour son dévouement, son expertise et sa capacité à exercer ses missions en dépit de moyens très insuffisants. Mais qu’il s’agisse de la fonction publique classique ou de la fonction publique territoriale, qui regroupent ensemble pas moins de 4,2 millions d’agents, ils ne sont pas les plus à plaindre des Français. Selon les statistiques fournies par Bruxelles, ils travaillent en moyenne 37 heures par semaine, contre 38 dans le secteur privé. Surtout, ils tirent très largement sur la corde de l’absentéisme. Selon la Direction générale des collectivités locales, les arrêts maladie représentent 22,3 jours par an pour les fonctionnaires territoriaux. Des absences bizarrement concentrées à 83 % sur les journées du lundi ou du vendredi. Cherchez l’erreur !
Bien sûr, le point de l’indice n’a pas été réévalué depuis 2010, comme l’avait préconisé la commission Attali, à laquelle a appartenu l’auteur de ces lignes. Mais connaît-on beaucoup d’entreprises en France où les salaires ont été revus à la hausse. Alors que les fonctionnaires conservent non seulement la garantie de l’emploi à vie, mais aussi (ils ne s’en vantent pas !) un supplément familial de près de 300 euros par mois dès le premier enfant (ce qui coûte 1,3 milliard d’euros par an). À cela s’ajoutent des aides de 655 euros par an et par enfant pour financer des “nounous”. Mais la cerise sur le gâteau, c’est le régime des retraites, qui permet aux fonctionnaires de voir leur pension calculée sur les six derniers mois de leur traitement. Alors que pour les salariés du secteur privé sont prises en compte les vingt-cinq meilleures années !
Voilà donc François Hollande pris à son propre piège. Après avoir promis l’embauche de 60 000 nouveaux fonctionnaires dans l’éducation nationale, celle de nouveaux policiers et l’arrêt du non-remplacement d’un agent de l’État sur deux partant en retraite, il lui faut expliquer à ces privilégiés que sont les fonctionnaires qu’il n’a pas d’argent pour les augmenter. Bien que Vincent Peillon ait trouvé — on ne sait où — de quoi donner une prime annuelle de 400 euros aux enseignants de primaire. Le voilà surtout en train de prendre conscience, lentement mais sûrement, qu’il ne faut pas demander à l’État de résoudre les problèmes, car le principal problème de la France, c’est l’État et ce sont ses agents.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire