dimanche 10 février 2013
Les fossoyeurs de la République
Khmers roses. Famille, identité, école, justice, travail… : c’est à une offensive sans précédent sous la Ve République à laquelle se livrent la gauche, ses élus et ses relais, contre les principaux piliers de notre société. Interrogés par Valeurs actuelles, des députés de droite dénoncent une volonté de “défaire la France”.
La scène remonte au 29 janvier, en séance de nuit à l’Assemblée nationale, en plein débat sur le “mariage pour tous”. Le député radical de gauche Alain Tourret évoque, au micro, le cas d’un couple de lesbiennes élevant un enfant et confronté à des problèmes administratifs. De son siège, le député UMP Philippe Meunier lui répond, rappelant l’existence du « père » de l’enfant — totalement occulté par le parlementaire. Aussitôt, c’est l’explosion sur les bancs de la gauche : huées, sifflets, bordée d’injures… « Mon propos a fait l’effet d’une étincelle dans un baril de poudre, raconte Meunier. Je n’en revenais pas. Tout ça parce que j’avais prononcé le mot “père” ! » Le 2 février, le député PS Yann Galut manquait d’en venir aux mains avec l’UMP Philippe Gosselin. Le lendemain, c’est Christiane Taubira qui déclenchait un hourvari, en accusant l’opposition de racisme.
Orateur principal du groupe UMP, Hervé Mariton se dit « stupéfait » par « la haine et le sectarisme » de la gauche : « Avec sa stratégie de désigner des boucs émissaires, elle se conduit comme l’extrême droite des années 1930 », dit-il. Rien à voir, selon lui, avec 1981 : « C’est bien pire maintenant, affirme-t-il. Il y a trente ans, la gauche découvrait le pouvoir et ses jouissances. Les affrontements ont été rudes, mais ils sont restés dans le champ politique et culturel. Mitterrand avait cédé sur l’école libre ; cette fois, le pouvoir se braque. En 1981, la volonté était de changer la France ; en 2013, l’objectif est de défaire la France. »
Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Que penserait en effet aujourd’hui, de ses lointains héritiers, celui qui déclarait : « À celui qui n’a rien, la patrie est le seul bien » ? Car jamais ce “bien”, ses piliers et ses valeurs n’ont été l’objet, sous la Ve République, d’un tel tir de barrage. Lequel — tout un symbole — provient de ceux-là mêmes qui s’apprêtent, l’année prochaine, à célébrer le centenaire de la mort de leur “grand homme” !
Ne surnagent plus, à gauche, que quelques voix discordantes, dont celles de Michel Rocard (lire page 20) ou de Sylviane Agacinski-Jospin, dénonçant « la façon dont on veut nous impressionner en nous disant que si vous n’êtes pas d’accord avec ceci ou cela, c’est que vous êtes forcément réactionnaire ». Seuls deux députés PS ont annoncé qu’ils s’abstiendraient lors du vote final sur le “mariage pour tous”. Aucun ne défend l’idée d’un référendum, pourtant souhaité par 69 % des Français, dont 55 % des sympathisants de gauche(notre sondage Ifop du 3 janvier). Tous, enfin, ont “oublié” cette promesse d’Élisabeth Guigou, alors garde des Sceaux, en 1998, au moment de l’adoption du pacs : « Le mariage est à la fois un idéal affectif et une institution républicaine. Il n’est pas question que deux personnes du même sexe se marient. » De quoi, il est vrai, totalement décrédibiliser les engagements actuels du gouvernement assurant, contrairement à l’évidence, qu’il n’y aura ensuite ni PMA (procréation médicalement assistée) ni GPA (gestation pour autrui)…
Cette “patrie, seul bien de ceux qui n’ont rien” dont parlait Jaurès, dans quel état sera-t-elle, et même existerat-elle encore, dans son acception traditionnelle, après cinq ans de mandat de François Hollande ? En s’attaquant à la famille et à la filiation — « fondement de tout ordre social », comme le dit Henri Guaino —, c’est la société dans son ensemble que la gauche ébranle et fissure. Au risque de la détruire. Idem avec sa traque des “riches” et sa fiscalité folle (lire encadré ci-dessus), ruineuses pour l’économie et briseuses de la valeur travail — sans laquelle aucune prospérité, donc aucun avenir, n’est possible. De même, encore, avec le retour du projet de droit de vote pour les immigrés aux élections locales, piétinant le lien nationalité-citoyenneté. C’est à un travail de sape sans précédent, mené conjointement et n’épargnant aucun domaine, auquel les Français, le plus souvent hostiles, assistent aujourd’hui. Jusqu’à la culture de l’excuse devenue la règle en matière de justice, la remise en cause de la médecine libérale, mais aussi les “salles de shoot” prônées par la ministre de la Santé, la menace de réquisition des biens de l’Église agitée par Cécile Duflot(lire pages suivantes), la dépénalisation du cannabis et la “théorie du genre” défendues par le ministre de l’Éducation nationale (lire page 19). Sans oublier la repentance historique, non assumée mais bien réelle, à laquelle s’est livré le chef de l’État luimême en Algérie…
« François Hollande est “tenu” par son aile gauche, ultras du PS, lobbys communautaristes, Verts et communistes qui haïssent la France et auxquels il doit son élection », dénonce Philippe Meunier, citant en exemple le « témoignage de plusieurs députés socialistes ». Mais aussi la « volte-face imposée » du président de la République sur la “ liberté de conscience” des maires qui refuseraient de célébrer un mariage homosexuel : « Il l’avait promise sous les applaudissements devant le congrès des maires de France, rappelle-t-il,mais il a dû faire machine arrière devant les représentants du collectif Inter-LGBT [lesbiennes-gays-bi-trans], qui l’ont eux-mêmes annoncé à la sortie de leur entretien à l’Élysée ! »
Numéro deux du FN, Louis Aliot pointe également, dans les réformes en cours,« une volonté délibérée de destruction du modèle traditionnel de l’État-nation visant à couper les Français de leurs liens familiaux, de leurs racines et de leur histoire ». Pour autant, ajoute-t-il, « il ne faut pas oublier que cette entreprise de décadence française, même si elle s’est amplifiée, a été aussi le fait de la droite lorsqu’elle était au pouvoir. C’est Giscard qui a imposé le regroupement familial, Chirac qui a abandonné des pans entiers de souveraineté à l’Europe, Sarkozy qui a supprimé le ministère de la Famille »…
Jamais, cependant, un représentant de l’État ne s’était permis, comme Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées, de déclarer (en réaction à l’exil fiscal de Gérard Depardieu) : « J’ai une longue liste de personnes que je voudrais voir en Russie. Je ne la confierai que par l’intermédiaire d’un avocat. Mais j’ai du monde. » « À quand le retour des fiches, comme en 1905 ? », s’inquiète Hervé Mariton, qui parle de « nombreuses dérives extrêmement graves ». Jamais, non plus, on n’avait assisté à une telle déferlante d’insultes de la part de ces “intellectuels de gauche” tout-puissants, stigmatisant « riches »,« homophobes » et « racistes », avec des accents de sans-culottes en guerre contre les « ennemis du peuple ». Sans oublier ces ahurissantes provocations de parlementaires, tous membres de la majorité : Yann Galut et Nicolas Bays s’embrassant sur la bouche en public pour prôner le “mariage pour tous” ; Esther Benbassa, jugeant que « l’égalité n’est pas la même pour tout le monde » ; Sandrine Mazetier réclamant, après la suppression du mot “mademoiselle”, celle du terme “école maternelle” parce que renvoyant à une image réductrice de la femme…
Tous, là encore, devraient d’urgence relire Jean Jaurès : « Lorsque Danton disait : “Nous voulons mettre dessus ce qui est dessous, et dessous ce qui est dessus”, c’était le mot d’un politicien révolutionnaire excitant les convoitises dans un intérêt passager ; ce n’était pas le mot d’un socialiste », écrivait-il dans son célèbre texte les Misères du patronat. C’était en 1890.
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