TOUT EST DIT

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lundi 4 février 2013

Le pays réel face au pays légal

Tandis que les députés votaient ce 2 février l’article 1, le plus décisif, du projet de loi Taubira, des légions d’opposants à cette dénaturation révolutionnaire du mariage ont manifesté pacifiquement partout dans toute la France, à l’appel de « La Manif pour tous », démontrant une nouvelle fois la force mobilisatrice d’un réseau de familles issu du pays réel.


La police, dans un « réductionnisme » idéologique persévérant, a annoncé avoir compté à 16 heures environ 80 000 personnes dans 80 rassemblements ou défilés, alors que les organisateurs ont dénombré 90 rassemblements (pratiquement un par département devant la préfecture, une mairie de grande ville, ou un lieu symbolique). Selon la police, les manifestants étaient 15 000 à Versailles, 6 500 à Paris, 4 500 à La Défense (10 000 selon les organisateurs), 5 000 à Rennes, 3 000 à Nantes, 2 700 à Angers, 2 500 à Vannes et Tours, 2 200 à Bordeaux (7 000 selon les organisateurs), 1 800 à La Roche-sur-Yon, 1 600 à Lyon (5 000 selon les organisateurs), des milliers à Marseille, à Toulouse, environ 1 000 au Mans, à Caen et à Melun, 600 à Perpignan, 500 à Strasbourg, Avignon ou Albi, 300 à Lille… Même avec ces chiffres minimisés à outrance, on induit que la mobilisation était très largement supérieure à l’addition finale officielle, riche de promesses pour la nouvelle manifestation nationale, annoncée le 24 mars dans la capitale.
Fait notable également : aucun incident n’a été signalé en fin de journée, alors que des contre-manifestations avaient réuni plusieurs dizaines de personnes au total à Rennes, Saint-Brieuc, Strasbourg, Bordeaux ou Toulouse. A Vannes, Mgr Centène s’était joint aux familles. A Paris, la manifestation, qui avait lieu emblématiquement à proximité de l’Assemblée nationale, a reçu le soutien de plusieurs députés UMP, dont le président du groupe Christian Jacob qui a mis en garde contre « les bouleversements éthiques et bioéthiques que la loi (allait) entraîner ».
Son collègue Hervé Mariton avait auparavant regretté que « la mobilisation de l’opposition n’(ait) pas été suffisante » pour voter contre l’adoption de l’article 1er du texte : seuls 348 députés (249 contre 97 et 2 abstentions) étaient présents lors du vote à la mi-journée. Mais ils sont où, mais ils sont où les députés de l’opposition ?
Des élus s’étaient joints cependant aux manifestants dans d’autres villes. « J’étais hier à l’Assemblée, je suis aujourd’hui sur le terrain, on ne faiblira pas », a déclaré à Avignon la députée FN Marion Maréchal-Le Pen. On notera d’ailleurs la pertinence de son intervention pour soutenir un amendement contre l’article clé de la loi : « La vérité, c’est que vous ne pouvez élargir l’institution du mariage sans la détruire. Ce n’est pas l’orientation sexuelle qui fonde le droit de se marier, mais le sexe, c’est-à-dire la distinction anthropologique entre un homme et une femme. Les hommes et les femmes homosexuelles ou hétérosexuelles ont le droit de se marier, mais avec une personne de sexe différent, parce que les sexes ne sont pas interchangeables. Si l’orientation sexuelle devient un critère de droit, pourquoi l’orientation culturelle n’en serait-il pas un ? Pourquoi à terme, refuser la polygamie, pratiquée dans plusieurs pays, parce que selon vous, c’est un argument valable ? »
« Les lignes bougent ! », s’est félicitée pour sa part Frigide Barjot à la manifestation parisienne, en rendant hommage au député divers gauche de Martinique, Bruno Nestor Azérot, qui a dit jeudi à la tribune de l’Assemblée son opposition au projet en des termes particulièrement percutants (voir notre édition de samedi). « Nous sommes là pour libérer nos députés », a-t-elle lancé à la foule, tandis que les manifestants étaient invités à signer une pétition demandant la saisine du Conseil économique, social et environnemental (CESE), « troisième assemblée constitutionnelle de la République ».
« Le premier objectif est de réunir les 500 000 signatures pour bloquer la progression du débat », a déclaré à ce sujet le porte-parole du collectif « Manif pour tous 33 », Raphaël de Bouraynes, à Bordeaux. « Tant que la loi n’est pas promulguée, on peut encore les faire reculer », déclarait à Marseille Raphaël Michel, coordinateur du rassemblement dans les Bouches-du-Rhône. « C’est un message fort que nous voulons envoyer aux députés », affirmait aussi à Strasbourg la porte-parole, Isabelle Cubillié, dénonçant « un projet de loi injuste » et qui « remet en cause toute la filiation ».
Une lettre aux députés signé « La Manif pour tous et partout » les interpellait clairement en concluant ainsi : « Et à défaut de votre liberté de conscience, la nôtre nous enverra toujours plus nombreux dans la rue, le dimanche 24 mars prochain et ce dans un vaste mouvement de libération des consciences, jusqu’à ce que vous, et le président de la République, nous entendiez enfin ! »
REMI FONTAINE

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