TOUT EST DIT

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lundi 28 janvier 2013

Vers un débat crispé

Vers un débat crispé


Il est toujours plus difficile de mobiliser pour défendre un projet que pour le combattre. L'infériorité numérique de la manifestation d'hier, par rapport à celle du 13 janvier contre le mariage pour tous, n'a, de ce fait, qu'une signification relative.
De toute manière, le projet sera largement voté, y compris au Sénat, au-delà de la gauche gouvernementale et avec quelques appuis de centre droit. Les parlementaires qui manifestaient mercredi devant l'Élysée font preuve d'un peu de naïveté en entretenant l'idée que François Hollande pourrait ne pas mener sa promesse à son terme.
Mais cette certitude ne doit pas être un solde de tout compte. Les deux mouvements de rue sont assez puissants pour y déceler un risque de cassure sociétale. S'il est avéré que les associations d'homosexuels affrontent, depuis quelques semaines, un regain d'homophobie, alors il faut s'inquiéter.
Dans ce projet du droit pour tout Français à choisir entre l'union libre, le pacs ou le mariage, François Hollande voyait un moyen d'apaiser une société sous tension en réglant une injustice. Ce serait un échec, et un comble, si elle aboutissait à opposer les uns aux autres.
Sur le fond, tout le monde peut admettre l'injuste sort de dizaines de milliers d'enfants qui grandissent dans des familles homoparentales avec des droits réduits. Et comprendre l'incohérence qui consiste à priver ces couples du droit à adopter alors que, vrai ou faux célibataire, chacun peut le faire depuis quarante-six ans.
D'ailleurs, Nicolas Sarkozy souhaitait lui-même faire évoluer ces droits. La droite propose un contrat d'union civile, une sorte de pacs amélioré, mais qui ne répondrait, de l'aveu même de leurs auteurs, qu'à une partie des questions posées.
5 300 amendements
L'inquiétude principale tient au fait qu'une noble intention égalitaire puisse conduire au droit, pour les couples de femmes et d'hommes, à avoir, coûte que coûte, des enfants, et à couvrir des pratiques médicales légales à l'étranger, mais interdites chez nous.
Même si la procréation médicalement assistée a été retirée du texte, cette question de droits qui aboutiraient à abolir nos différences naturelles fera l'objet d'une grande partie des 5 300 amendements débattus pied à pied, à partir de demain, à l'Assemblée.
Sur la méthode, il y aurait aussi à dire. Comme si la gauche, historiquement moins portée que la droite à défendre la famille, avait soudain voulu que tout le monde puisse se marier. L'évolution des esprits, à en croire les sondages, faisait même de ce projet, si peu débattu au PS et ignoré par le programme de Ségolène Royal en 2007, une évidence et une formalité. Erreur.
Le débat va continuer, pendant quinze jours, au Palais Bourbon, puis au Sénat. Toutes les questions, tous les avis, y seront exposés. Mais tout s'est passé comme s'il avait fallu forcer la main de l'exécutif pour qu'il considère les questions bioéthiques - et transpartisanes - que soulève le projet.
Écarter la procréation médicalement assistée, si c'est pour la réintroduire, dans quelques semaines, dans le projet de loi « famille », n'apaisera pas les esprits. La revendication d'un référendum va durer. Sauf si le Comité national d'éthique, saisi pour avis, ne venait donner à l'exécutif une raison de renoncer.

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