TOUT EST DIT

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vendredi 4 janvier 2013

Tsonga, le déserteur fiscal, sacré Chevalier du mérite


Gérard Depardieu devrait garder espoir. Tout n’est pas perdu dans ce pays qui lui a tant donné et qu’il renie sans état d’âme. Lui qui avait reçu la Légion d’honneur du temps de François Mitterrand peut espérer être élevé au grade de commandeur un jour ou l’autre. La preuve : un exilé fiscal notoire, Jo-Wilfried Tsonga, a profité de la promotion du Nouvel an pour monter au filet et asséner un smash éthique qui lui vaut le titre de Chevalier dans l’Ordre national du mérite. Jeu, set et match.   

Certes, Tsonga a reçu cette mémorable distinction en vertu de la médaille d’argent (le terme lui va très bien) qui lui a été attribuée lors des derniers jeux olympiques de Londres. Certes, dans la longue liste des heureux récipiendaires, il n’est pas le seul à jouer sur les deux terrains à la fois (le national pour la gloire et l’exil pour le portefeuille, l’un n’allant pas sans l’autre). 

Mais comment ne pas voir ce qu’il y a de choquant dans la récompense accordée à quelqu’un qui se drape dans le drapeau bleu, blanc, rouge avant de marcher dessus en s’exilant pour échapper à ses devoirs fiscaux ? Et que valent les leçons de morale de Jean-Marc Ayrault à Gérard Depardieu (traité de « minable ») dès lors qu’il distingue quelqu’un qui lui a ouvert la voie ?       

La presse ne parle jamais, ou rarement, de ces vedettes qui représentent la France dans les grandes compétitions sportives mais qui l’oublient quand il s’agit d’affronter le fisc. Or, pour ne prendre que l’exemple du tennis, la quasi-totalité des joueurs français ont suivi le mauvais exemple donné par les anciens, comme Arnaud Clément, Fabrice Santoro ou Guy Forget. Ils sont allés s’installer sur les bords du lac de Genève, à l’instar de Tsonga ou de Gaël Monfils. 

Au final, il n’est guère qu’un grand tennisman tricolore qui résiste vaillamment à l’attrait du lac de Genève, et il convient de le féliciter pour cet acte de bravoure, c’est Richard Gasquet, figure de proue du team d’Arnaud Lagardère. Lui s’est fait domicilier... dans le canton de Neuchâtel, 100 kilomètres plus loin ! Il échappe donc lui aussi aux griffes du fisc. Fier d’être français, certes, mais pas jusqu’au bout de la feuille de déclaration de revenus... 

En général, quand ils parlent de Tsonga, les journaux relatent avec force détail le cheminement sportif du jeune « manceau », y voyant un modèle de travail et d’engagement longtemps méconnu, et en profitant pour faire vibrer la corde nationale. Cela peut se comprendre. Sauf que Jo-Wilfried Tsonga est plus suisse que « manceau », et pas seulement pour faire ses emplettes en compagnie de Roger Federer, mais parce que le pays où il s’est installé a des avantages fiscaux encore plus appétissants que son célèbre chocolat. 

Sans doute le tennisman n’est-il pas le premier, ni le dernier, à quitter ainsi le territoire national en toute légalité, cédant ainsi à la mode de l’argent facile. Mais disons que cela ne cadre guère avec le profil à l’eau de rose d’un homme devenu la coqueluche des médias. 

Lors de ses confessions télévisées, Jo-Wilfried Tsonga aime à expliquer qu’il est très flatté de représenter la France aux jeux olympiques. C’est tout à son honneur. Mais pour bien représenter la France, l’idéal est d’être aussi brillant sur le terrain de la morale que sur un court de tennis. En ce domaine, « Jo » aurait encore besoin de quelques leçons, et le professeur idéal n’est pas Jean-Marc Ayrault.  

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