vendredi 4 janvier 2013
Le loto de la crise
Le loto de la crise
Dans un océan de morosité, une entreprise sort gagnante : celle qui fait valser les numéros de loto et tourner les cartes à gratter. Comment croire que le succès des jeux en France, l’an passé, est un hasard ?
Les économistes, qui ont équation à tout, évoqueront le pactole d’un calendrier affichant trois vendredis 13 : de quoi doper le marché très émotif du pari. Les sociologues verront dans les loteries, en période de dépression générale, comme un exutoire collectif, le terrain d’expression de l’irrépressible espoir de réussite qui habite les masses. Les philosophes diront, dans un monde en quête de valeurs, la fascination grandissante pour l’argent en tant que symbole d’accomplissement personnel. Jouer, en quelque sorte, à force de craindre de se perdre.
2012 a été une combinaison de facteurs payants pour la Française des jeux. Pas sûr pour autant que cela soit une si bonne nouvelle. L’État, tout à ses sous, applaudira peut-être : l’impôt sur le rêve rapporte comme jamais, sans risque de censure constitutionnelle.
Les œuvres bénéficiaires d’une part des enjeux aussi pourraient penser qu’elles touchent le gros lot. Dommage que, dans le même temps, l’argent misé et perdu par la foule des joueurs ne puisse ni cacher, ni a fortiori inverser la spirale de la crise qui multiplie les cas de pauvreté, alourdit le chômage, accroît l’exclusion.
Personne n’osera dire que le jeu est devenu opium du peuple. Il n’est hallucinant que pour quelques super-gagnants par an. L’énormité de certains gains pose question sur un principe dévoyé au point de faire capter par l’un ou l’autre des richesses dont la collectivité entière doit se priver. Sans doute la récession peut-elle peser sur les montants joués. Une certaine morale voudrait que sur les sommes gagnées aussi, la règle évolue.
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