Mali, les oubliés de la guerre
Le bruit des armes couvre les larmes des Maliens pris dans les combats. Les organisations humanitaires et les Nations Unies s'inquiètent du sort des civils, réfugiés, blessés, abandonnés aux violences. La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) dénonce des exécutions sommaires et met en cause l'armée malienne. Elle demande l'ouverture d'une commission d'enquête indépendante.
Les récents bombardements des villes de Konna et Diabali ont provoqué la fuite de milliers de civils. La Croix Rouge en dénombre plus de 7 000. Mais beaucoup d'autres ont fui au-delà du fleuve Niger. Ils se trouvent dans une zone de combat inaccessible. Au Nord-Mali, la peur de l'arrivée des forces maliennes et de leurs alliés pousse sur les routes des habitants des villes de Gao et de Tombouctou. Ils ne veulent pas se trouver entre deux feux.
Depuis jeudi, la Croix Rouge distribue des vivres et des bâches aux personnes déplacées, de plus en plus nombreuses : « Elles sont arrivées en général sans argent, sans vivres et n'ont pas où dormir. » L'organisation soutient aussi les familles qui les accueillent et qui peinent à subvenir à leurs propres besoins. Mais« l'inquiétude est grande pour ceux qui sont restés sur place au milieu des combats », explique Wolde-Gabriel Saugeron, de la Croix Rouge. L'association demande d'avoir accès aux habitants des villes bombardées de Konna et de Diabali, et aux prisonniers de guerre pour s'assurer qu'ils sont respectés. « On ne peut pas passer pour soigner les blessés », déplorait aussi, jeudi, Michel Janssens de Médecins Sans Frontières.
À cause de l'insécurité et de la violence qui règnent au Nord-Mali, Médecins sans Frontières a dû suspendre le travail de ses équipes mobiles. Impossible, là encore, de soigner ceux qui sont éloignés des principales villes. Il est de plus en plus difficile de secourir les populations. Le Programme alimentaire mondial limite son action et la situation se dégrade, alerte Actions Contre la Faim.
Le Mali est l'un des pays les plus pauvres du monde. Il souffre, depuis longtemps, de crises alimentaires et du conflit touareg. Les tensions ne cessent de croître entre les communautés. Ce qu'endurent les Maliens depuis un an, au Nord en particulier, est effroyable : meurtres, amputations à cause de la charia, viols, enrôlement forcé d'enfants soldats... La Cour pénale internationale demande une enquête sur les crimes de guerre commis depuis un an.
Le devoir de la France, aux premières lignes de la guerre, est de prendre les mesures indispensables pour protéger les civils des exactions et de tout faire pour que les organisations humanitaires puissent secourir les populations.
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