TOUT EST DIT

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samedi 26 janvier 2013

Europe : avancer malgré les divergences

Europe : avancer malgré les divergences


C'est un beau moment européen que nous venons de vivre avec cette commémoration du Traité de l'Élysée. Mais cette euphorie a vite été troublée par le discours du Premier ministre britannique. Celui-ci s'est livré à une sorte de provocation revêtant l'allure d'un chantage : organiser un référendum d'ici à 2017 comportant le risque d'une sortie de l'Union européenne, à moins que des négociations avec l'Europe ne lui donnent satisfaction.

Ce faisant, le Premier ministre britannique prend de grands risques vis-à-vis de ses alliés libéraux-démocrates et vis-à-vis de ses partenaires européens. L'Europe ne lui convient que si on lui en évite les contraintes en lui garantissant tous les avantages. Étrange attitude vis-à-vis d'une véritable communauté où chacun porte le fardeau pour que tous puissent ensemble aller de l'avant. En tout cas, comme l'a rappelé M. Cazeneuve, ministre des Affaires européennes, « on ne peut pas avoir une Europe à la carte : ce serait une machine à dissoudre l'Europe » (1).
Certes, on peut faire beaucoup de reproches à l'Europe et le Traité de l'Élysée est bien loin d'être mis en pratique. La diplomatie concertée, une industrie d'armement conjointe, des économies harmonisées, deux jeunesses s'ouvrant l'une sur l'autre, rien de tout cela ne s'est produit, rappelle Alain Duhamel (2). On voit bien aussi, à l'occasion des événements du Mali, que l'Europe n'est pas à la hauteur. Le battle-group créé il y a six ans, qui dispose de 1 500 soldats prêts à agir d'urgence, aurait pu être engagé et ainsi afficher la solidarité européenne (3).
Les idées ne manquent pas
Toutes ces lenteurs dont nous sommes de plus en plus conscients devraient nous inviter à agir davantage en commun. Des idées nouvelles sont avancées, preuve que la volonté européenne est toujours là. Ainsi, Henri Froment-Meurice, ambassadeur de France, suggère la création d'une « assemblée consultative franco-allemande » (4) composée de parlementaires du Bundestag et de l'Assemblée nationale. Elle émettrait des propositions qui, émanant de représentants élus, seraient plus aisément prises en compte par les gouvernements. Deuxième suggestion, créer un « conseil économique, social et environnemental franco-allemand » composé de représentants des syndicats et des associations professionnelles. Il permettrait la confrontation entre les pratiques et les expériences des deux côtés du Rhin et émettrait des avis à l'intention des gouvernements.
Un autre appel émane de Jacques Delors (5) pour créer une vraie « communauté européenne de l'énergie », dépassant les « patriotismes énergétiques », qui nouerait des partenariats avec les producteurs de gaz et de pétrole. L'Union européenne y parlant d'une seule voix s'affirmerait comme un acteur stratégique et respecté. Les idées, les volontés ne manquent pas. Ne nous laissons donc pas impressionner par les menaces, les provocations et les chantages. Faisons tranquillement mais activement notre devoir d'Européens.

(1Ouest-France, jeudi 24/01/2013
(2Libération, jeudi 24/01/2013
(3) François Heisbourg, La Croix, lundi 21/01/2013
(4Le Monde, mardi 22/01/2013
(5Le Figaro, jeudi 24/01/2013

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