samedi 26 janvier 2013
Jean Quatremer: «L'élargissement de l'Europe a été trop rapide»
Pourquoi le milieu financier britannique se retrouve-il tout à coup pro-européen?
40% des transactions en euros à la City. Si la Grande-Bretagne sort, elle peut oublier cette source de richesse. Cela étant, avec l'union bancaire, qui permettra aux banques d'être aidées par la zone euro en cas de problème à condition qu'elles soient surveillées par la BCE, je pense que les banques vont rapatrier à terme leurs activités sur le continent. Donc le privilège de la City est menacé à terme...
N’eut-t-il pas mieux valu consolider l'existant (harmonisation fiscale, sociale) avant d'autoriser de nouveaux pays à entrer dans l’UE ?
L’élargissement a été trop rapide. Rapidité voulue par la quasi totalité des Etats hormis la France (elle a été violemment attaquée à l'époque sur le thème: ce n'est pas fraternel). Le résultat de cet élargissement mal maîtrisé (la Bulgarie et la Roumanie sont elles moins corrompues qu'avant, par exemple?) a été une montée de l'euroscepticisme qui explique en grande partie le résultat négatif du référendum français de 2005. Le "plombier polonais", c'était le rejet de l'élargissement. Et le pire est que l'on continue alors que l'Union et la zone euro sont encore très fragiles et que l'on a mesuré que l'adhésion avait un coût pour les membres du club: élargissement à la Croatie, au Montenegro, etc. Je suis partisan de supprimer le poste de commissaire à l'élargissement, car, par fonction, il élargit.
Ne trouvez-vous pas dommageable qu'aucun pays d'Europe n'ait envoyé de troupes combattantes au Mali, afin d'épauler l'Armée de Terre ?
La France n'a pas non plus saisi ses partenaires européens avant d'y aller... Cela étant, vous avez raison, la solitude française est regrettable. Mais il faut être sérieux: qui a encore une armée dans l'UE? La France et la Grande-Bretagne. Et encore. Nos concitoyens ont fait un choix: le système social et non la puissance qui a un coût énorme. Aujourd'hui, on voit le résultat de ce choix collectif: il n'y a pas de puissance militaire européenne possible à court terme. La plupart des pays européens (la Belgique au premier chef) comptent sur les Américains pour les protéger et faire le ménage.
“La crise mine la confiance des européens en l’UE”, titre El País. Parmi les conclusions d’une étude: seulement un européen sur trois pense que l’intégration économique a été positive pour l’économie de son pays tandis que 37% estiment que l’euro n’a eu aucune incidence positive...
Le pic de la crise est derrière nous. Nous devons encore affronter la crise économique, conséquence de la crise de la dette, mais les indicateurs repassent tous au vert. Le chief economist d'UBS me disait qu'il avait été sidéré de constater que l'ajustement s'était fait beaucoup plus rapidement qu'imaginé et que les pays les plus gravement touchés sont désormais en convalescence.
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