Les partisans du projet de loi ouvrant le mariage
et l'adoption aux couples homosexuels, qui sera débattu au Parlement fin
janvier, sont descendus par dizaines de milliers, dimanche 16 décembre,
dans la rue à Paris pour une grande "manifestation pour l'égalité".
Parents derrière les poussettes, enfants avec des ballons de toutes
les couleurs, élus flanqués de l'écharpe tricolore ont pris place dans
le joyeux cortège qui a débuté Place de la Bastille et a rassemblé entre
60 000, selon la police, et 150 000 personnes, selon les organisateurs.
"Célibataires, hétéros mais solidaires", "l'égalité des droits n'est pas une menace!", "pour nos 300 000 enfants du courage au parlement", "le droit pour tous d'avoir le choix", "vous nous faites des homos, nous vous ferons des hétéros", pouvait-on lire sur les pancartes.
"Je pense que le mariage c'est bon pour tout le monde", a
déclaré Arthur, dix ans et demi, venu d'un village près d'Auxerre avec
sa soeur Lola, huit et ans et demi, et leurs deux mamans. L'une d'elle,
Christelle, s'inquiète d'une résurgence de l'homophobie depuis le
lancement du débat sur le mariage "pour tous". "Pour la
première fois, nos enfants ont été confrontés à des propos homophobes
qui les ont choqués. Dans notre campagne tout se passait bien, pourtant.
On a toujours été acceptés", observe-t-elle en soulignant que tout cela lui donne "des envies plus fortes de se battre pour le mariage homosexuel". "Certains propos dépassent les bornes", s'est indignée Odile Journy.
RÉVEIL D'UNE PARTIE DE LA GAUCHE ET DES ASSOCIATIONS
"Hétéro et catho", Danielle Dussaussois, élue UMP à Levallois-Perret, se dit "attristée que mon parti reste aussi frileux alors que la société évolue". Pour la ministre du Logement Cécile Duflot, "on est presque au bout du chemin". "Ceux qui manifestent contre sont ceux qui manifestaient contre le PACS et qui aujourd'hui sont pour". "La gauche ne doit pas avoir la main tremblante quand il s'agit d'avancer vers une société plus juste", confirme le député Noël Mamère.
Derrière cette mobilisation d'un week-end, véritable test, deux objectifs : pousser la majorité à tenir ses engagements et répondre aux "anti", qui ont donné de la voix et accaparé le devant de la scène ces dernières semaines. En novembre, plus de 100 000 personnes, dont 70 000 à Paris, selon des chiffres officiels, avaient défilé contre cette réforme. Samedi 8 décembre, ils étaient encore des milliers à dire leur opposition, dans cinq grandes villes de province et une nouvelle mobilisation nationale est prévue le 13 janvier, à laquelle devraient se joindre des personnalités de droite.
Cette levée de boucliers contre le projet de loi a réveillé une partie de la gauche et des associations. Ainsi, l'appel à la mobilisation générale lancée par l'Inter-LGBT, principal interlocuteur associatif du gouvernement sur l'homosexualité, a été relayé par les syndicats (CFDT, UNSA, CGT, FSU, Solidaires, Syndicat de la magistrature...), par les associations de défense des droits de l'homme (Ligue des droits de l'Homme, SOS Racisme...) mais aussi par des partis politiques (Parti socialiste, Front de Gauche, NPA, EELV ), qui se sont joint au cortège.
Dans le même temps, les partisans du projet ont engagé une riposte sur les réseaux sociaux. Selon un dernier sondage Ifop pour le Journal du dimanche, une large majorité de Français (60 %) est favorable à l'ouverture du mariage aux couples homosexuels mais les partisans de l'adoption sont en minorité (46 %).
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